Formidable pépite noire que ce Nasty international de New Wet Kojak au sein desquels on peut retrouver deux échappés de Girls Against Boys (auteurs l’année dernière d’un House of GvsB séminal et plombé). Scott McCloud et Johnny Temple possèdent là un side band de luxe, qui explore une veine moins violente (en décibels) mais nettement plus inquiétante que GvsB. L’absence d’ordonnancement semble régir l’ensemble, mais c’est pour mieux nous rappeler que le danger peut venir de partout, d’un sax au son injecté de folie, d’une basse émergeant de fumées éthyliques, d’une batterie visiblement épileptique, d’une guitare au bord de la dépression voire d’une voix saoule et excédée. Cette liberté de chaque instrument, leur autonomie presque trop sonnante n’est qu’illusoire, et Get the curse, magnifiquement paroxystique dans la démence, se plante tel un étendard pour affirmer un ordre simplement différent de la normale. D’un Sugar X semi-comateux et méchant à un Blue magic crépusculaire, c’est l’hallali de la raison que l’on sonne là, dans la moiteur et la rage blanche. De l’autisme à l’agression ouverte, New Wet Kojak nous fait son cinéma de la pathologie et des névroses, à l’image de Miramax : « It’s your movie, stay crazy, stay cool… ». Entre deux eaux, c’est l’expression qui pourrait résumer ce disque dans lequel on s’enfonce avec un délice assez masochiste, et dont on ressort forcément plus pur, comme après un bon bain de boue.