La grandeur de ce disque est de rapprocher le célèbre Concerto pour clarinette, oeuvre de la toute fin de la vie de Mozart de deux symphonies de jeunesse. Mozart a seize ans lorsqu’il écrit sa 21e symphonie. Intense période de création pour le jeune homme qui en écrivit huit en huit mois. Mais y eut-t-il autre chose dans la vie de Mozart qu’une intense activité créatrice ? Rappelons qu’il faudrait plus de toute une vie pour simplement recopier son oeuvre intégrale. Quelques mois plus tard, il écrit sa 27e symphonie, toute aussi énergique, fraîche : nouvelle recherche de modulations, travail irrésistible sur la forme classique de son confrère Haydn. Trop souvent pensé comme un testament musical, pendant du requiem composé dans les mêmes mois, le concerto, au centre de ce triptyque, gagne en sérénité, en luminosité. Phrases sublimes de l’adagio, où plus rien n’est impossible, source inépuisable d’émotions, d’inspirations. Cette conception du concerto est à approcher du petit roman de Christian Gailly, K.622, paru aux éditions de Minuit en 1989. Lisez l’histoire de ce jeune type obsédé par cette musique, réécoutez l’adagio, ces sept minutes de poésie absolue. Vous aurez mis une oreille là où…
Bref, Philippe Entremont est un pianiste chef d’orchestre français respecté ; il mérite mieux que l’indifférence courtoise où on le met.
Michel Portal est un clarinettiste amoureux. Il peut vous faire aimer le jazz, l’improvisation totale, Carolyn Carlson ou Barbara. Même le bandonéon. Il n’a pas peur. Comme Mozart. Et en ces temps frivoles, quelques minutes de bonheur, il faut être preneur.