Quelles belles retrouvailles ! Un nouveau Mouse On Mars, un nouveau Lithops, Jan St Werner et Andi Toma retrouvent le feu sacré ! D’abord, après cinq ans de tristes tâtons tiédasses, jusqu’au très nul Radical connectors, feu le plus beau des groupes électroniques du monde (rappelez-vous, Autoditacker, Niun Niggung, Iahora Tahiti, la grandeur, la souveraineté de ces trucs) est remonté à bloc et propulse cette incandescente guerre sur terre, de blips et beats saturés virevoltants, jusqu’à l’Ipecac de Mike Patton. A entendre la furie grinçante de Düül ou l’apocalypse selon One day not today, ça n’est d’ailleurs même pas si étonnant. Varcharz grogne et crache dans toutes ses couches de mélodies aphasiques ou rythmes déhanchés, les textures couinent de bonheur, les mélodies (à grignoter à la cuillère, un peu, quand même) échappent des râles de boucan, les basses rebondissent comme autant de châteaux de riz au lait électrocutés au plutonium. Les morceaux eux-mêmes arborent des structures folles, exposition du feu puis échappées belles de trous d’harmonies, comme si tout le bruit du monde suivait la partition du Mwandishi d’Herbie Hancock à la lettre. Cosmique, furieux, totalement possédé d’invention, Varcharz marque le retour d’entre les zombies d’un très grand groupe.

Et puis il y a la cas Lithops, la cabane en bois de Jan St Werner, la cagibi derrière la maison où, depuis la nuit des temps l’allemand fait son boucan/son silence et glaviote, pures et indomptées, les textures passionnantes qui servent ensuite les chansons de son groupe. Jadis épouses du silence autant que furieuses mises-à-niveau noise, les tranches de son de Lithops sont donc aujourd’hui antichambres-à-air sauvages du plus irascible, du plus violent des albums de Mouse On Mars et prennent presque la chaussée inverse : tout est saturé de poussière, sali de bruit, mais tout est presque serein dans ces belles miniatures de choses digitales, sampladélisme cradingue, samba de cuisine ou pures éjaculations numériques, plateaux de son toujours aussi nécessaires. Il y a ici de mini-rythmes trop cassés pour être des rythmes, des mini-mélodies trop maigres pour être des chansons, mais plus d’idées et d’amour de musique que dans 95% de la production musicale qui leurs sont contemporaines. Achetez, achetez donc !