Avec son nom à la Robert Wyatt, le duo formé d’Andi Toma et Jan St. Werner a toujours versé dans une musique difficile mais belle. Alors que certaines figures de l’electronica n’arrivaient pas à percer au-delà d’un cercle d’initiés qui évitait le grand public, Mouse On Mars profitait de la vague étonnamment popularisante qui touchait des groupes extrêmes comme Aphex Twin ou Autechre. Et la géodésie occulte qui arbitre le succès relatif des scènes electro ne saura sûrement jamais justifier ces avancées éclair dans le territoire flou de reconnaissance. La faute, peut-être, à un non-plan marketing qui pour une fois aura attiré un plus large public. On attendait donc Mouse On Mars au tournant, après un Niun Niggung trop faible pour être totalement honnête.

Abandonnant ses excursions dans la dance-music pour maniaques démembrés, Mouse On Mars se représente un an plus tard à la vindicte critique avec un album-réédition instrumental plus aride. On pense, comme toujours, à Kraftwerk et ses références man/machine incontournables. N’empêche, si le duo revient avec un disque estampillé german touch, les influences trop marquées du Krautrock s’évaporent assez vite. Contrairement à Autoditacker, les options instrumentales qu’ont choisies Toma & Werner tendent à s’éloigner doucement des réalités trop grégaires qui parasitent la scène electronica. Retour donc à des incursions noise, éparses tout au long du disque, histoire de trancher dans le vif d’un auditorat trop vite séduit. Scories radiophoniques, coupures rythmiques start and stop aux relents punky et attaques de morceaux à la Merzbow tentent de détourner du droit chemin un album trop sage. Et si les essais vocaux du dernier album ont été définitivement abandonnés, il plane encore un parfum de concession sur un disque schizophrénique qui ne s’assume pas. Ni radical, ni sans saveur, Instrumentals n’arrive pas à rallier les contraires à sa cause. Dommage, car depuis ses débuts le duo retombe toujours dans les mêmes travers rythmiques (trop de gimmicks) ou harmoniques (une propension forte à la facilité cheap) et n’arrive pas à faire exploser son indéniable potentiel. Pas assez de génie ou de charisme probablement, pour deux musiciens qui n’ont jamais concrétisé le surplus d’attente placé en eux. Un immense gâchis.