Stéphane Ollivier, dans un récent article publié par les Inrocks, expliquait ainsi sa déception à l’écoute de cet album : « pour du Portal, c’est pas terrible » (la citation est inexacte mais l’esprit reste sauf). Aussi dissiperai-je sur la base de cette appréciation tout malentendu potentiel : Portal aurait-il eu de moindres antécédents que ça n’aurait rien changé à l’affaire. Dockings, sur toute sa longueur, reste totalement plat et parfaitement vain, à l’image d’une pâte impossible à lever. Les pâtissiers sont pourtant tous orfèvres en leur métier : l’excellent Joey Baron à la batterie, Bojan Z au piano (simple figurant sur ce disque), Markus Stockhausen à la trompette, Bruno Chevillon (contrebasse) et Steve Swallow (basse électrique, discret au possible). Le premier morceau semble inspiré par les langueurs lénifiantes de Leon Parker, retrouvant avec brio l’inexprimable ennui procuré par les productions de ce dernier. Le second s’appelle Dolphy. Admettons ; à cela près que là où Dolphy élevait des cathédrales, Portal fait un aimable terrassier. Une soudaine accélération avec K.O. suscite brièvement l’intérêt, avant que tout ne retombe lourdement dans de vaines langueurs. Le passage de la clarinette au bandonéon pour Tourniole n’y fait rien : Dockings est bel et bien (si l’on peut dire) un complet ratage.

1)Barouf – 2) Dolphy – 3) Lion’s dream – 4) Mutinerie – 5) Next – 6) Solitudes – 7) Embrouille – 8) K.O. – 9) Tourniole – 10) Ida Lupino (Carla Bley) – 11) Illusion in B-flat. Compositions de Michel Portal, sauf indication contraire

Michel Portal (cl, bandoneon, as), Joey Baron (d), Steve Swallow (elb), Markus Stockhausen (tp), Bruno Chevillon (b), Bojan Zulfikarpasic (p). Enregistré en Juin 1997 au studio Gil Evans d’Amiens