Qu’est-il arrivé à Mercury Rev ? Ils ont réalisé leur rêve. Probablement avec l’argent de V2, ils ont enregistré avec un orchestre à cordes, des membres de The Band, une scie musicale, un theremin, des choeurs… Ils ont fait un disque boursouflé, emphatique, boogy même, bref un disque décevant pour leurs fans du début. On est loin de Yerself is steam (1991), de Boces (1993) ou de See you on the other side (1995). On est loin des Flaming Lips, leurs amis et collaborateurs. On a entre les mains un disque qui se situe à mi chemin de La Boum 2 et de Scott Walker, de T-Rex ou de Blur, bref de n’importe quoi et ce disque est agaçant. On lira ici et là que c’est un chef d’œuvre. Il est surtout dommage de constater qu’une fois de plus, un groupe a été avalé par les dollars. Bien sûr, on peut être ému par les premiers titres, bien sûr la production est magnifique, bien sûr certains titres frôlent le merveilleux, flirtant ainsi outrageusement avec le ridicule. Des clarinettes et des saxophones qui coulent sans se gêner, ça commence à bien faire. Deux titres très courts rappellent le Mercury Rev qu’on a connu psychédélique et inventif. Et c’est tout. Le reste : de la pop FM américaine, de la variété. Avec la voix inimitable, rocailleuse et aiguë de Jonathan Donahue, parfois décalée par rapport à la musique, ce qui n’est pas un mal. Sinon, pas de fêlure, pas de danger, tout est lisse, voilà bien un disque pour « adultes » comme les affectionne Télérama (qui ne s’est pas gêné pour apposer son sticker débile sur la pochette). Désolé, on préfère les précédents disques, pas ceux approuvés par la culture musicalement correcte. Is Mercury Rev dead or alive ? A vous de juger.