Le Cap-Vert sur le sentier de guerre. Musicale, s’entend. Avec un escadron radical de dix musiciens qui tentent de renouveler le patrimoine, en lui insufflant de nouveaux mélanges, sous la direction du Général Labona alias Joao Mendes et de son compère, le Commandant Tchotchi alias Ramiro. Et sans céder à la facilité cultivée à travers certaines programmations rendues populaires, faute de mieux, par quelques compatriotes à l’horizon limité. La fusion est unique. Elle se situe surtout entre le bandera, un rythme de musique traditionnelle que l’on balance durant les fêtes (religieuses) de l’île de Fogo, le kôdra, genre ancien sans doute cousin du rap actuel et les tendances afro-américaines (du rythm & blues, du rock & roll, et plus récemment, de la mouvance hip-hop).

Le tout est servi avec des textes qui naviguent entre l’esprit de réjouissance ou de deuil du répertoire traditionnel avec un discours militant résolument tourné vers les blessures de l’Afrique (une spéciale dédicace rend hommage aux « africains qui ont donné leur vie » pour la libération du Continent. Amilcar Cabral, Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba, Steven Biko… « Une dette, insiste le Général Labona dans le livret, qui ne sera jamais liquidée ». Dans leur précédent album, les Mendes Brothers avaient suggéré de nouvelles pistes à leurs compatriotes, en matière de création musicale. Ils avaient notamment initié un nouveau genre musical, le tchoru. Dans ce dernier album, ils libèrent les chaînes du kôdra. La reine du genre, Tintina Mané di Badja est de la partie. Une aventure expérimentale qui s’en sort bien.