Depuis l’énorme Stag en 1996, sur Atlantic, les Melvins ont sorti deux disques sur Amphetamine Reptile, label qui accueille avec bonheur leurs délires les plus divers, leurs productions plus « expérimentales », en clair : celles dont Atlantic ne veut pas. Il y a donc eu le terrifiant, satanique (et drôle) Honky au début de cette année, et la ci-devant compilation qui regroupe les douze e.p. limités à 800 exemplaires que le groupe a sorti à un rythme mensuel en 1996 sur Amphetamine. Fourre-tout bordélique et agité, les deux CD de cette compilation contiennent des reprises (Germs, Flipper, Wayne Kramer), des démos, des live et des bidouillages, des special mixes hilarants destinés aux cadres d’Atlantic à une parodie de brit-pop qualifiée de « shit pop ».
Précisons-le : il s’agit d’un disque pour fans. J’en suis. J’adore. Le son n’est pas toujours à la hauteur, c’est parfois un peu n’importe quoi (cette fille qui hurle, là, bon…), mais peu importe, quoi ! Car tout est ravageur chez les Melvins: les guitares, les breaks, les pochettes, l’humour… S’étant toujours moqués des clichés et du decorum heavy metal, ils ont repris à leur compte avec une habileté incomparable ce que cette musique a de bon, à savoir sa masse, sa vélocité et surtout son implacable efficacité rock. Les Melvins n’ont jamais caché leur amour pour Black Sabbath, Kiss ou Thin Lizzy, tout en faisant aller, sourire entendu aux lèvres, leur musique beaucoup plus loin que celles de leurs idoles. Quiconque a eu la chance d’assister à un de leurs concerts le sait. Trop métal pour les âmes sensibles et trop bizarres pour le hardos de base, les Melvins sont inclassables, puissants et malins -et c’est pour ça qu’on les aime.