Air 2 le retour ? La parenté est en effet assez manifeste chez les garçons neurasthéniques de Mellow : voix « vocodées », nappes de moogs couplées avec une pop orchestrale ultra-sixties… Mais la comparaison devrait s’arrêter là… Quand bien même le mimétisme serait flagrant sur Another mellow winter -le morceau éponyme- ou sur Shinda shima, il y a chez Mellow une volonté bien visible de ne pas être qu’un « produit » branchouille et post-moderne. Leur démarche est bien plus personnelle et leurs influences respectives sont complémentaires… Certes il y a toujours ce bon vieux Bacharach, décidément très en vogue ; pour le reste, on ira faire un tour vers une pop british plus psychédélique post-summer of love, des Beatles de Sergeant Pepper (dont la présence fantomatique hante les violons de Sun dance) au Pink Floyd de Syd Barrett. Sur ce canevas, Mellow brode une petite musique de chambre introspective, tantôt gentillette et ensoleillée (le bucolique Overture et ses chants d’oiseaux), tantôt renfermée, à mille lieux d’une tentative de récupération d’un phénomène de mode « revivaliste ».

D’où cette atmosphère cotonneuse et mélancolique qui baigne l’album et qui n’évite pas toujours la narcolepsie, mais qui a au moins le mérite d’être sincère au-delà de tout soupçon. Il y a surtout un véritable talent de composition de pop-songs finement ciselées, mélodiquement imparables, simples et linéaires, une bonne vieille tradition qui n’a que trop rarement pris dans une France pourrie par la variétoche humanitariste. On adhère par contre un peu moins aux expériences aux prétentions plus « arty », finalement assez creuses qui emmènent le groupe là où il ne devrait pas aller. Ainsi, Lost night, débité d’une voix monocorde sur une boîte à rythmes désincarnée, plus efficace qu’un barbiturique. Cet « écart » mis de côté, Another mellow winter tient bon la barre, album représentatif de ce qu’on peut attendre de l’électro-pop française actuelle (onctueuse et digeste, superficielle et légère), ce qui ne manquera pas de ravir un bon nombre d’oreilles délicates…