Premier album de Ben Jacobs, alias Max Tundra, après l’incroyable maxi Children at play sur Warp, un autre sur Domino et quelques remixes (Mogwai, Kid606). Premier album et coup de maître. Voilà un disque d’une densité et d’une inventivité rares, un kaléidoscope musical passionnant du début à la fin, qui se permet peut-être même de créer un genre : l’électronique progressive, comme il y a du rock progressif. Prenons quelques exemples…

On commence avec Cakes, complètement calqué sur Mercury Rev -y compris les trompettes- mélangé à de l’electro et à du jazz rock. Lamplite on one horse shoe ressemble à un interlude de LFO composé pour un aéroport, tandis que Ah there’s deek now – let’s ask him évoque une jam session entre Pram et les maîtres musiciens de Jajouka au Maroc. Les flûtes terminant le morceau nous confortent dans l’idée qu’il y a du progressif dans cette musique-là, jusque dans les titres d’inspiration dadaïste. Lausanne, par exemple, mixe le son des Space Invaders d’origine avec un steel band d’outre-espace, en multiples couches superposées, comme dans un mauvais rêve : fascinant. Ailleurs, on découvre des délires lo-fi au piano (Tuli, a plain ride from canvas), une comptine qui débute par un bruit d’aspirateur et se transforme en free-rock à mi-chemin entre Soft machine et Kenny Process team (Bill Sholem Quintette), ou un morceau qui semble extrait de l’album entièrement électronique de Zappa additionné d’un zeste de Squarepusher période Big Loada. Il y a aussi ces trucs qui ne ressemblent à rien de connu, comme Subsi Kuku, sorte de groove électro-psychédélique. Seul repère : 6161 2.14, qui rappelle aussi bien Stéréolab que les Pastels, avant de sombrer dans un chaos sonore absolu. Enfin, le disque s’achève sur Carbon Cones, long mix de hip hop, de folk, d’electro 80’s. Imaginez les Buggles passés à la moulinette dans un hachoir et finissez avec une longue plage de guitare contemplative à la Gastr del Sol…

Mais trêve de références. En bref, et au-delà des influences indie bien présentes, et parfois d’un trop-plein d’éléments, Some best friend you turned out to be est un disque singulier qui risque de faire parler de lui quand il aura été assez écouté et qu’il sera effectivement devenu un de vos meilleurs amis…