Il s’agit d’une rencontre passionnelle entre deux univers, habituellement situés aux antipodes. Un dialogue inhabituel entre un maître tambour et un pianiste classique. Le premier est fils de djeli (griot) et djeli lui-même. Porteur, comme tous les gardiens du temple de l’oralité, d’un savoir ancestral qui redonne toute sa complexité et toute sa force rythmique au djembé, le tambour mythique du pays mandingue, il sillonne le monde depuis trente ans, de l’Afrique aux Amériques, en passant par l’Europe, avec un succès sans cesse renouvelé, qui ne se cantonne pas uniquement dans l’imitation servile des Anciens. Le second, issu d’une tradition classique européenne, voyageur lui aussi, compositeur atypique, toujours virtuose dans sa manière d’insuffler de la vie à son instrument, est connu pour ses audaces dans un jeu qui se positionne loin en matière de recherches sonores. Il est venu au piano à l’âge de cinq ans et ne l’a plus quitté.
Tous deux ne parlent que d’échanges et d’ouverture entre les peuples. Tous deux apprécient les messages de paix et d’amour qui peuvent naître d’expériences telles que la leur. Ensemble, ils réinventent les points de rencontre de leurs continents d’origine par une musique qui sait mettre en valeur leurs différences, leurs individualités, leurs talents, tout en donnant naissance à une nouvelle entité sonore aux allures contemporaines bien marquées et bien subtiles. Du deux-en-un en quelque sorte, mais dans le bon sens de l’expression, c’est-à-dire en relâchant toutes les pulsions créatrices qui les animent dans un seul but: atteindre une certaine harmonie dans le mariage de ces sons (piano classique, tambour mandingue) qui semblaient s’ignorer de loin. Dans le genre, l’album reste un petit délice, un condensé d’authenticité, qu’il vaudrait mieux avoir vu sur scène. Mais bon…