Après Serge Gainsbourg et Burt Bacharach, John Zorn continue à rendre hommage aux grands artistes juifs et choisit cette fois Marc Bolan, de son vrai nom Mark Feld. Le disque est une grande réussite : belle pochette (Maruo Suehiro), line-up aussi varié qu’improbable et rien à jeter. Arto Lindsay et Marc Ribot s’amusent beaucoup avec Children of the revolution, Rebecca Moore intrigue, Kramer fait dans le génial (avec l’aide de sa fille et d’une flûte), les Melvins ne se foulent pas, Medeski, Martin et Wood charment, Lo Galluccio reprend joliment Cosmic dancer (repris aussi autrefois par Morrissey), Mike Patton fait du Mr Bungle solo et les Tall Dwarves chantent Bolan avec un naturel confondant. Chris Cochrane tente une petite ballade electro, Gary Lucas ne convainc pas mais Eszter Balint nous met à genoux avec un Mambo sun qui ressemble à du Leila haut de gamme. Vernon Reid reprend Jeepster à la Kiss -très drôle. Danny Cohen chiale un peu avec une guitare slide, Elysean Fields reprend Life’s a gas avec une classe absolue (robe fourreau et fume-cigarette, j’ai besoin d’un whisky, poupée). Sean Lennon et Yuka Honda lâchent un titre pop en diable et mélancolique à souhait, Cake Like fait du bruit pour pas grand-chose, Trey Spruance étonne : bizarre, tordu, ludique (on dirait Pram en plus viril). Buckethead trouve avec Bolan le terrain idéal pour s’entraîner à quelques solos à la vitesse du son sur le manche : nul doute qu’il était probablement un des fans les plus sincères de cette compilation. Génial et complètement décalé, comme d’habitude.
Enfin, on termine avec une surprise : Lloyd Cole, qui reprend Romany soup de façon étrange et poétique (électronique de salon et voix distordue). Étonnant et réussi. Grande compilation, grandes chansons. Le secret ? « Donnez-moi un accord en Do majeur et je vous donnerai mille mélodies » disait Marc Bolan en 1970.