Il nous faut quand même revenir un peu plus long que par la simple mention du mois dernier sur cet Acis et Galatée. Sans être le chef d’oeuvre qu’on voudrait nous révéler -le génie lullien s’est mieux illustré dans des tragédies comme Atys ou Phaèton-, cette « simple » pastorale n’en est pas moins un sublime divertissement, conçu comme tel et sans aucune autre prétention : le fils de Louis XIV (pour qui il fut composé) et ses compagnons de débauche s’en amusèrent fort, et, plus tard, la Pompadour et sa troupe des Petits Cabinets.
La partition est brillante, le Florentin excellant notamment dans l’écriture de ces danses -menuet, chaconne, passacaille- qui ponctuent une action dramatique pour le moins barbante, on vous l’accorde. Mais il y a là quand même aussi -et surtout- quelques numéros vocaux magnifiques, exécutés par une distribution qu’on sait forcément parfaite dans ce répertoire. Mention spéciale à l’ineffable Galatée de Véronique Gens (que le grand public a enfin découvert cet été à Aix, dans le Don Giovanni de Brook/Abbado), au toujours charmeur Fouchécourt et au très grand Naouri, qu’on aimerait entendre très vite au disque dans des rôles à la mesure de son tempérament.
Minkowski, faut-il le souligner, anime tout ce beau linge avec l’ardeur et la trempe qui sont désormais sa marque de fabrique. Une intégrale Lully est en cours pour Archiv : dans l’attente, les grincheux qui trouveraient cet Acis un peu léger peuvent toujours retourner au divin Phaèton que le même Minkowski enregistra il y a quelques années pour Erato. C’est évidemment une autre dimension ; pour autant, on ne boudera pas notre plaisir devant ce divertimento d’exception.