« We’re gonna keep on keepin’on », récitée comme un mantra sur What you want qui ouvre le deuxième album des Lo-fi Allstars est une bonne indication de l’obstination et de la foi qui anime les gars de Brighton. Découvert aux grandes heures du Big Beat par le label Skint, les Lo-fi’s mirent immédiatement tout le monde d’accord avec leur premier single Kool-roc-bass, un morceau comme on en fait plus, célébrant des noces ultra-droguées entre le hip-hop et ce que l’on nomma par défaut le courant « indie-dance ». Les Lo-Fi’s jouaient live, avaient un chanteur surnommé The Wrekked Train, assuraient méchamment sur le dancefloor, leur premier album fut attendus comme le messie. How to operate with a blown mind fut une surprise, pétri d’un psychédélisme noirâtre et boueux tout en laissant les jambes à l’air, libre de ses mouvement mais sacrément stupéfait. Un disque, fils illégitime du fondateur Screamadelica de Primal Scream, envoyé en maison de correction avec encore plus de substances prohibées à portée de mains. La suite est une série de cafouillages et de miracles en tout genres que les Lo-Fi’s nous racontent plus loin (lire notre interview dans Le Mag).

A l’heure où on les avait un peu oubliés, ce Don’t be afraid of love est un disque inventif et jouissif, qui fait la nique à des Chemical Brothers frappés d’immobilisme aigu et indigne. Un album qui peut se lire a différents niveaux, un grand télescopage de styles, un kaléidoscope souvent réussi entre la tête et les jambes. Pour les jambes on citera d’abord Feel what I feel, morceau à l’efficacité plombante, sorte de disco-funk très engageant, qu’un remix house transformerait sans doute en torpille soul définitive, jointure parfaite entre Motown et Daft Punk. Dans le même registre Lo-Fi’s in Ibiza porte bien son nom et Tied to the mast assurera une certaine euphorie sur les dancefloors. Jamie Liddel (Super-Collider) assure lui la pérennité des influences soul princières sur Deep ellum… hold on, croisement hip-hop/R&B de saison.

En dehors de ces mouvements de foules aux capacités de déhanchements poussés vers une efficacité radicale, Don’t be afraid of love offre aussi des moments plus profonds et délicats, où l’ambiance festive se délite vers des strates plus insidieuses et d’où se dégage une certaine impression de finesse, sinon de profondeur. Somebody needs you offre à l’épatant Greg Dulli (Afghan Whigs, Twilight Singers) un écrin de soul moderne et poisseuse. What you want croise le Dream baby dream de Suicide avec l’ancien son Lo-Fi Allstars, le morceau titre et Just enough font des clins d’oeil à Spiritualized sans en approcher les hauteurs. Plus fort encore : avoir réussi à caser Bootsy Collins sur une ballade toute en menaces et en douceurs…