L’expression est proche du cliché mais Jean-Pierre a ramené de ses nombreux voyages un univers de sons déroutant, un panel large de tous les folklores musicaux visités. Et pourtant, grâce à sa vision large et humaniste, il ne participe pas à ce pillage insensé d’autres cultures. Bien au contraire, son interprétation tient beaucoup plus du respect que du saccage systématique.

Présent depuis bien longtemps dans ce créneau peu fréquenté de la world française, Jean-Pierre Limborg a su en quelques albums imposer un groupe de musiciens, bigarré et diablement efficace. Sur scène l’énergie développée est impressionnante d’efficacité et de gentillesse non feinte. Sur disque, l’impression perdure, grâce notamment à une production nette et chaude. Les sonorités tendent, selon les titres, vers les musiques asiatiques, le folklore africain ou les mélodies de l’Europe de l’Est. Le tout ? Un mélange détonnant et diablement cohérent d’une vision panoptique des musiques locales, agrémenté d’une instrumentation claire, sobre et assez dépouillée (basse, batterie, guitare, synthés, percussions, voix).

Et si on pouvait avoir peur que l’instigateur du projet, en bon Akai-maniac, tombe dans le tout synthétique, pas de danger ici : le synthétiseur, utilisé pourtant à tout va, n’envahit jamais l’espace musical, reste discret et n’est jamais en avant. Small world est ainsi un disque à la croisée des musiques pop(ulaires) du globe qui reste d’une humilité parfaite. Les parties vocales, assumées par des chanteuses des cinq continents, contribuent largement à étendre un panel instrumental déjà extrêmement large. Avec ce nouvel album, Jean-Pierre Limborg creuse encore plus profondément le sillon qu’il avait initié plus d’une dizaine d’années auparavant, alors que sa musique, moins assurée et plus synthétique, voyait le jour.