Un papier complet sur un simple single avec un seul titre remixé ? Et pourquoi pas après tout ! Surtout quand il s’agit du nouveau single de Kraftwerk, et que ces messieurs de Düsseldorf n’ont hélas rien d’autre à nous proposer pour l’heure… Expo 2000 est aussi l’occasion d’un retour, après des années de silence, sur une discographie parfaite. Kraftwerk, c’est d’abord la rencontre en 1969 de Ralf Hütter et Florian Schneider, deux étudiants en musique au conservatoire de Düsseldorf, fortement attirés par l’industrialisation, la robotisation et l’évolution technologique de la société. Puis la formation s’est rapidement élargie avec Eberhard Krahnemman, Klaus Dinger et Michael Rotter (qui allaient bientôt former Neu), puis deux autres recrues plus stables : Wolfgang Flur et Karl Bartos (dits les « hommes machines à percussions » !).
A l’instar des expérimentations de Karlheinz Stockhausen à la radio de Münich sur les générateurs de sons synthétiques et de celles de John Cage à New York sur des pianos préparés et des travaux de bandes (la tape music), le groupe a vite mis en branle une musique électronique très froide qui allait influencer une première génération de bricoleurs malheureusement dépressifs dans les thèmes abordés et les arrangements et le look. Alors qu’on sentait déjà chez Kraftwerk un second degré que les suiveurs n’ont pas toujours bien compris, sauf les Pet Shop Boys bien sûr.

Les premiers albums, Kraftwerk I et II et Ralf & Florian, sortis en 1971, 72 et 73, marquent encore un manque de maturité, un besoin d’apprendre et manquent un peu d’imagination. Le groupe n’a pas encore tout a fait découvert sa martingale qui consiste à mélanger les sons synthétiques les plus froids avec des mélodies on ne peut plus pop. Mélodies pop en raison de leurs influences claironnées partout, à savoir… -on ne rigole pas- Chuck Berry et les Beach Boys ! C’est avec Autobahn en 1974 et surtout Radioactivity, impressionnant succès en France en 1975 à l’instar des Jerks électroniques de Pierre Henry sept ans plus tôt (ce qui montre bien l’attrait des Français pour les musiques electro, encore aujourd’hui d’ailleurs avec la French touch) que nos garçons force l’admiration. Un succès qui ne s’est jamais démenti puisque même les sportifs organisateurs du Tour de France commandèrent un hymne pour l’édition 83.

Commande qu’est aussi ce single Expo 2000 décliné à l’envi par les maîtres du studio Kling Klang, leur antre depuis le début des années 70. Rempli de Moog, instrument auquel ils ont donné ses lettres de noblesse, le Kling Klang studio est aussi un centre d’expérimentation en matière d’Internet. Il n’y a qu’à voir le site officiel du groupe, avec force animations flash et sons qui permettent à l’internaute de créer son propre remix des tubes du groupe grâce aux samples jouables d’un coup de clic.