L’electro-rock fin de siècle sera décidément kraut ! Après l’invasion des scènes post-rock de Chicago, on a droit depuis quelques années à une déferlante rock-choucroute des écoles musicales de Cologne, Brême, Hambourg ou Berlin. Et pourquoi s’en plaindre ? Les années 70 avaient déjà imposé Can et ses rythmiques martiales, Faust et ses brisures décalées, Kraftwerk et son elektro-touch… On a droit désormais à toute l’écurie Kitti-yo, Genf, To Roccoco Rot, Tarwater, etc.

On pourrait scroller à l’infini sur la liste bien fournie du krautrock updaté d’outre-Rhin (mais pas besoin de descendre bien loin dans l’énumération pour retrouver aux premiers rangs de l’originalité le collectif Kammerflimmer). Avec ses incursions noise à la Merzbow / Masami Akita, Mâander n’a rien de l’album gentillet du petit post-rocker moyen, bien au contraire ! Dans cet univers d’ambiances végétales, de souffles quasi ambient, l’auditeur se trouve aléatoirement submergé par une furia sonore éjaculatoire du plus bel effet. Saturations soudaines d’un propret jamais ennuyeux, ces soupçons harshtronics soulignent plus encore la brillance de la musique originale. On retrouve en guise de pauses harmoniques des mélodies effectuées à grand renfort d’électronique discrète, de percussions aériennes, de contrepoints astucieux et de vocodages éthérés. Kammerflimmer détermine avec ce projet son propre territoire musical, parsemé de clins d’œil, dans ce qui aurait pu paraître comme un océan de facilités krautrock. Un groupe de plus à ajouter à nos bookmarks musicaux du moment.