Rarement un album aura été aussi bien nommé, puisque Acme constitue en effet une apogée pour John Spencer Blues Explosion. Du rock’n’roll avec des guitares et tout et tout, qui ne se coupe pas pour autant du son d’aujourd’hui. Les trois voyous que voila ont su s’entourer de spécialistes de l’électronique et du hip hop tels que T Ray (Cypress Hill), The Automator (Dan Nakamura et Dr Octagon) ou Alec Empire (Atari Teenage Riot et Digital Hardcore Records) pour balancer du groove dans leur déjà très furieux swamp rock mâtiné de blues alcoolique et de funk électrocuté. Ca donne une pure tuerie dont Calvin, le premier titre mixé par Calvin Johnson lui-même et T Ray, est un parfait manifeste : un riff de gratte graisseux à souhait, une basse désaccordée énorme, une rythmique coup de marteau et des choeurs gospel relayés par quelques imprécations que n’aurait pas reniées James Brown. Une claque monstrueuse qui donne envie de se bouger le cul : « This is blues power » !
Et il en va ainsi tout au long des treize titres de Acme, sommet paraxystique d’un groupe qui a su comme personne réconcilier bruit noir et bruit blanc (Jon Spencer fut le fondateur de Pussy Galore). ca se sent et ça s’entend ; Magical colors, Talk about the blues, Lovin’ machine, Bernie ou Give me a chance sont autant de preuves bruyantes de ce talent comsommé pour marier les sonorités d’hier et d’aujourd’hui, sans les dénaturer. Notons également le retour en forme derrière la console de Steve Albini, qui ne fut pas toujours aussi inspiré et respectueux. A n’en pas douter, Acme est une grande réussite, par sa capacité à faire sortir les genres musicaux de leurs chapelles carcérales pour un savant télescopage, qui fera autant kiffer les mordus du grand James que ceux des Cramps.