En cette soirée du 5 juillet 2000, certains habitués du festival de la Villette se sont sentis insultés. A peine dix minutes après le début du concert, les spectateurs non avertis ont commencé à quitter la salle… Connu du public jazz pour ses brillants hommages à Coltrane, Sun-Râ, ou encore pour ses magnifiques fusions entre free et musique yiddish (avec Masada), John Zorn en a surpris plus d’un avec ce set d’une brutalité sans nom.

Tout le monde pensait que le bourreau du saxophone s’était calmé… Eh bien, non ! Le prophète du vacarme nous est revenu en grande forme, assisté par de bien talentueux disciples de la torture sonore. Accompagné par le furieux bassiste Bill Laswell, le grand maître de l’improvisation Fred Frith et Dave Lombardo (ex-Slayer et actuel batteur de Fantômas), John Zorn nous a offert là une prestation incroyable, digne des meilleurs moments de ses formations du début 90 (Naked City, Painkiller, Ground Zero, etc.). Sur des structures extrêmement complexes (incompréhensibles même, avouons-le), chacun des quatre membre de ce quartette apocalyptique s’est tour à tour adonné aux joies de l’improvisation. La plus grande surprise restant Dave Lombardo, tout à fait à l’aise sur des structures free-jazz qui lui étaient jusqu’à présent étrangères. Espérons que celui-ci prendra un chemin similaire à celui de Mick Harris, ancien batteur de Napalm Death, ayant lui aussi joué avec Zorn (durant la période Painkiller).