Le moins que l’on puisse dire, c’est que John Wesley Harding n’est pas un nom qui résonne aux oreilles du monde musical européen. Pourtant, ce garçon au patronyme de bluesman (alors que les érudits du rock auront remarqué que Harding a « volé » ce nom à un album de Bob Dylan) n’a que 32 ans. Et Awake est déjà son cinquième album, si l’on excepte une compilation (Dynablob) sortie voici deux ans.

Surprise, surprise, ce jeune homme montre de belles qualités de songwriter, notamment par la maîtrise de mélodies simples mais quasi imparables. La filiation, si l’on doit en trouver une, est facile à établir : Elvis Costello est certainement l’un des influences majeures de John Wesley Harding. D’ailleurs, il avait fait appel, en 1990, à une partie des Attractions de Costello et au producteur Andy Paley pour enregistrer son album Here comes the groom.

Vous l’aurez, compris, si les harmonies ont la part belle sur ce Awake, le cynisme, à l’instar de Costello, voire un certain désenchantement sont très présents, associés à des thématiques personnelles mais tirant sur la satire sociale douce amère. Difficile de résister à la franchise de Burn, jolie ritournelle qui s’insinue aisément dans l’esprit pour n’en plus sortir. Mais Harding sait aussi se débrouiller sur des morceaux nettement plus folk, version urbain, comme Poor Heart ou Miss fortune (joli jeu de mots). Car cet autodidacte de la guitare a appris à jouer sur Dylan ou Loudon Wainwright. Il n’y a donc pas grand chose à jeter sur les quatorze morceaux de Awake, on se demande seulement ce que pourrait donner John Wesley Harding s’il se laissait parfois emporter par la rage qu’on sent contenue en lui.