Nouvel album de Jay-Z et, disons-le tout net, une réussite ! Pour un disque qui a été n°1 aux USA pendant cinq semaines, il est étonnant de découvrir à son écoute un hip-hop sobre et posé, relativement peu encombré des clichés habituels et sans la moindre trace de dégoulinure r&b, fait suffisamment rare pour être noté. Évidemment, le succès du disque est entièrement dû au single Hard knock life, grand morceau à base d’un sample de voix d’enfants extraites de la comédie musicale Annie. Le clip n’est pas mal non plus, et le titre devient un encouragement positif à la survie et puissant (James Brown faisait ça très bien autrefois -et encore aujourd’hui). Signalons que ce morceau est produit par Mark 45 King (talentueux producteur des 80’s), qui fait un retour mérité et couronné de succès. À part ça ? Les titres produits par Timbaland -LE producteur qui a redonné du tranchant au hip hop- sont des bombes électro-funk influencées par Prince : Nigga What, Nigga Who et Paper Chase (avec Foxy Brown) sont incroyables de funk brutal et syncopé, de flow speedé et de sensualité post-moderne (comme dans la plupart de ses productions). Ailleurs, If I should die est un avertissement bâti comme du KRS one, Ride or die est lyrique et beau comme le danger dans un film de Blaxploitation, et Money, cash, hoes est assez ironique, avec son clavier naïf et ses voix franchement ragga.

Malheureusement, A week ago est un titre américain pour américains, calibré FM comme savent si bien le faire les américains, ceux qui vivent « dans le hood ». Passons. Coming of age est assez agressif alors que Can I get a… est plutôt étrange (on dirait du Illbient sourire en coin). Reservoir dogs basé sur un sample trop prévisible du Shaft d’Isaac Hayes tient bien la route et It’s like that, presque pop, presque De La Soul, rafraîchit l’ensemble. It’s alright sur une boucle kraftwerkienne en diable nous fait le coup du old school réactualisé et enfin Money ain’t a thang tape dans le funk bien huilé avec cuivres et triangle. Un disque surprenant de qualité et de maturité, en grande partie dûes à l’excellent niveau de la production. Et au-delà de tout ce verbiage : quel groove !