Japanese Telecom n’est pas un groupe japonais et ne ressemble en rien à un groupe japonais. Si le label précise que le disque est censé « refléter une société asiatique saturée de technologie » et que chaque morceau est « une fenêtre sur un monde oriental siliconé », on a en fait affaire au meilleur clone de Dopplereffekt depuis Dopplereffekt. Vous l’aurez compris, Japanese Telecom, c’est de l’electro, et du meilleur tonneau. Seules références japonaises évidentes : Yellow Magic Orchestra et son electro-pop pince-sans-rire ou les bruitages de jeux vidéo (très présents).

Premier album d’un groupe sans visage (seul le nom du producteur est donné : Jon Layne), Japanese Telecom assène un groove electro tout ce qu’il y a de plus classique et efficace, sur un label qui n’a sorti pour l’instant qu’un album de Sean Deason. Bien sûr, Japanese Telecom n’a rien d’original non plus, à part : a) un tube absolu et puissant, b) un son proprement impressionnant et c) une pochette très réussie. Le tube en question est Japanese Telecom, morceau incroyable de lyrisme et de funk électronique : une basse énorme, des nappes glacées, des beeps beeps à faire frémir toutes les échines comme dans les années 80, une véritable bombe réunissant le meilleur de Kraftwerk, Juan Atkins et DMX Krew. Le reste est à l’avenant : mini-intermèdes rappelant Anne Laplantine ou Lektrogirl (Game player), titres virils à la Add N to X (Nipponese robots), délires acides ratés (Kubi), clins d’œil à la techno de Detroit (Bullet train, John Selway remix). On saura gré à ce disque de ne faire aucune excursion dans l’electronica, de rester fidèle à l’utilisation de basses synthétiques rondes comme des culs modélisés en 3D, de laisser les rythmiques punir l’auditeur avec délice. La production, claire et détaillée à la fois, en fait un outil idéal pour soirées : succès garanti lors du passage du morceau n° 2. Et la pochette donne envie d’écouter plus de choses de ce groupe mystérieux.

Reste que Japanese Telecom n’est rien d’autre qu’une copie conforme Dopplereffekt. Mauvaise nouvelle pour ceux qui n’apprécient pas la vodka qui ne rigole pas. Bonne nouvelle pour les fans qui n’en peuvent plus d’attendre de nouveaux morceaux du duo américain le plus russe de ce côté-ci de la musique à bits en blouse blanche. Ah, ce morceau n° 2… il s’écoute sans fin. Il y a des groupes comme ça qui ont des moments d’intuition solaire et qui résument tout un genre en trois minutes. Au paradis de l’electro, Japanese Telecom compose la musique du répondeur de Dieu. Jusqu’à la semaine prochaine.