Hefner est la dernière petite merveille anglaise qui fait s’extasier tout le monde, à commencer bien sûr par la presse, prompte à s’enflammer dès qu’un disque tient à peu près debout (et encore, on pourrait trouver, rien que sur une année, des dizaines de contre-exemples, mais on n’est pas là pour casser du sucre sur le dos de groupes trop vite portés au pinacle).

Breaking God’s heart est le premier effort du groupe, et fait marquant (car amplificateur de la rumeur positive à leur égard), il est produit par Tony Doogan, qui a également oeuvré des manettes pour Belle and Sebastian (l’une des plus belles escroqueries pop de l’année écoulée, d’accord, ils ont un petit quelque chose, mais de là à crier au génie…).Heureusement, les Hefner savent, eux, écrire de vraies chansons (The librarian est un folk foldingue bien tourné et plein de sincérité, et plaira également aux fans de Pulp et des Pogues). La comparaison avec les Violent Femmes, ressortie un peu partout dans la presse musicale, est pourtant un peu tirée par les cheveux -même si The sad witch a quelques élans dans ce sens- quand bien même Gordon Gano serait un leurs admirateurs. De plus, les comparer à un groupe aussi éminemment américain que les Violent Femmes apparaît comme un faux sens.

Malheureusement, ils s’égarent parfois dans des rengaines pleurnichardes dont sont exemptes franchise et vraie simplicité (God is on my side). Car c’est dans le simple, sur des ballades dépouillées, comme Another better friend, que s’expriment le mieux leurs capacités harmoniques. Tactile, avec son piano fatigué, fait également mouche.

Tout le reste n’est que forfanterie dans un monde rock qui doit s’ennuyer ferme. Nous voila donc avec un groupe certes doué, mais qui doit progresser dans l’épure, s’arracher d’un certain maniérisme, et gagner ses galons.