Bryn Terfel (baryton-basse). Scottish Chamber Orchestra, Sir Charles Mackerras.

(DG)

Tout ce que touche cet homme semble devoir irrésistiblement se transformer en or ! Est-il encore un répertoire, un domaine que Bryn Terfel n’ait encore exploré avec, en même temps, une gourmandise insatiable et un art (si rare dans cette catégorie « poids lourd ») du mezza voce qui ne peut que rappeler le Fischer-Dieskau de la grande époque. Tout, vous dit-on, il a tout chanté, et à 32 ans à peine ! Des songs jubilatoires de Rodgers et Hammerstein (qui ont cassé la baraque des charts britanniques) au Jochanaan de Salomé, en passant par Wolfram, Elias, Don Giovanni et, bientôt, Leporello (avec Abbado) et Méphisto dans La damnation de Faust (avec Chung)… le disque -à défaut des scènes françaises- nous a déjà fait entendre le Gallois dans l’extraordinaire diversité de son talent. Tremblez, Hampson et autres Hvorostovsky, le trône de baryton du XXIè siècle n’est pas gagné !

Et aujourd’hui, donc, Handel. Quel récital ! Qu’il s’agisse des emplois originellement écrits pour basse -où il ne succombe jamais, tout au contraire au piège de l’ario furioso– ou des transpositions d’airs prévus pour des ténors (Semele) ou des castrats (un « Ombra mai fu » certes un peu exotique, aujourd’hui, après y avoir entendu les voix ad hoc !), Terfel est simplement génial : bravoure et sensibilité, narration et phrasés splendides, il sait tout et sait tout faire, le bougre ! Quant au sémillant sir Charles, il est ici dans son élément, soutenant parfaitement le chant -malgré une tendance un peu bizzaroïde à jouer « baroque » sur des instruments modernes… Infimissime réserve d’une heure quinze de bonheur absolu, que quiconque, dans le genre, ne pourrait égaler à l’heure d’aujourd’hui.