Eh oui, c’est déjà l’heure du sixième album pour les Gallois de Gorky’s Zygotic Mynci. Spanish dance troupe ne surprendra guère les habitués, qui y retrouveront la bonne dose d’esprit déjanté que les Gorky’s ZM ont l’habitude d’injecter dans leurs morceaux. Il y a de plus, en presque cadeau de bienvenue puisque c’est le deuxième titre après le très paisible Hallway introductif, un rock quasi furieux et jubilatoire, avec quand même, ouf !, les cassures Beatles psychés attendues : Poodle rockin’. C’est clair, on a alors envie de chanter, de bouger n’importe comment, de dire merde à son voisin et d’embrasser la femme du charcutier (faudrait voir tout de même à pas trop s’enflammer). Et l’on part à l’écoute de Spanish dance troupe avec un sérieux a priori favorable- entretenu, il est vrai, par des livraisons précédentes inégales mais toujours décalées et intéressantes.

Et les orchestrations aussi variées que bucoliques dont sont habillés les titres suivants –She lives on a mountain, l’instrumental Drws façon Jeux interdits meets Qu’elle était verte ma vallée– entretiennent cette première impression. On commence à coincer un peu sur Over & out, trop simplet pour être honnête, puis sur le très countrysant Faraway eyes, vraiment neuneu, avant se prendre le navrant Spanish dance troupe -pourtant le single donné en pâture dès avant la sortie de l’album. On a du mal à accrocher devant tant de ringardise kitsch affichée, osons le dire au risque de paraître snob. Il est difficile de se persuader qu’on va aimer un disque lorsque l’on a la conviction que ceux qui l’ont fait vivent vraiment dans le monde de Oui-Oui.

Alors, il y bien des remontées d’estime, notamment grâce à Desolation blues ou Freckles, morceaux plus aboutis, sur lesquels déjante et amour des « belles chansons » font bon ménage, et The Humming song, le titre final, est plutôt touchant avec ses quelques notes de piano et l’orchestre tricotant derrière, mais on a vraiment envie de dire aux Gorky’s Zygotic Mynci de se bouger un petit peu, et d’arrêter de mettre sur bandes toutes leurs jam sessions. A force, on va se détourner. Le constat est simple, surtout si l’on veut jouer au jeu des comparaisons : là où Olivia Tremor Control, par exemple, continue à amuser voire passionner avec des objets sonores difficilement identifiables et délicieusement décalés, Gorky’s Zygotic Mynci commence à ennuyer sec. Gaffe !