A l’occasion des trente trois ans de carrière de Gilberto Gil, on a ressorti une anthologie chez WEA qui renferme le meilleur des années 75/97 du maître en matière de « bossa, samba et pop »: soixante-quatre minutes de délices qui rendent hommage à l’un des pères fondateurs (avec Caetano Veloso, Maria Bethania, Gal Costa et Tom Ze) du « tropicalisme », un mouvement surgi du feu brûlant des seventies et qui a provoqué une véritable renaissance artistique et culturelle au Brésil. Parallèlement, est sorti le live Ao vivo, qui fixe en quelques quinze titres l’efficacité entraînante de l’enfant du Nordeste sur le plan du rythme et de la danse. On y retrouve des traces re-visitées de l’album Quanta, sorti il ya un an environ, mais également de nouvelles surprises, dont une reprise étonnante de gaieté du répertoire Marley en deux titres (Is this love et Stir it up).
Pas une ride inutile dans sa dynamique. Gilberto Gil est toujours fidèle à ce qui faisait la force de ses débuts. Sur scène, cela se voit et s’entend encore mieux. Demandez à ceux qui y étaient, lors de ses concerts programmés au mois de juin à l’Olympia, à l’occasion de la Coupe du Monde… Ils vous répondront que oui. Car il continue à mélanger avec beaucoup d’émotion les rythmes et les mélodies (comme à l’époque où le tropicalisme introduisait une bonne dose de rock dans la bossa), à brasser les musiques de son terroir avec ceux venant d’ailleurs (comme son ambition par exemple de mêler les rythmes du Brésil à ceux du Nigeria et de la Jamaïque, après avoir rencontré Fela en 77) et à marier l’acoustique et l’électrique avec une virtuosité sans cesse renouvelée. Sur ce dernier album, il prend même des risques, en invitant un crack de la techno et de la dance music, Lulu Santos, à confronter la tradition (samba, ambiance carnaval) à l’électronique pour aboutir à un nouveau son festif et convivial (trois titres que l’on trouve dans la version double du CD Ao vivo). L’objectif étant toujours de traîner tout le monde sur la piste. Pensez quand même à vous procurer l’anthologie 75/97, votre plaisir n’en sera que redoublé…