Vous l’aurez vite compris, nous sommes amoureux de Jean-Claude Pennetier. Dans le paysage musicale français, voilà sans doute l’un des pianistes les plus attachants ; il trace un chemin qui lui ressemble, fait de la plus extraordinaire sensibilité, de la plus poétique humilité. Loin du portrait du virtuose capricieux, fantasque et lunatique. Faut-il plagier Yevgeni Kissin ou Ivo Pogorelich pour faire carrière ? Pennetier ne leur ressemble sans doute pas, et c’est tant mieux. Attitude peu romantique donc. Virtuose tout de même, si l’on parcourt la biographie du pianiste : premier prix au concours Fauré, second prix Marguerite Long, premier prix au concours de Montréal… dix doigts bien véloces.
Son parcours musical est cependant autrement riche : musique de chambre, composition, direction d’orchestre, pianoforte, théâtre musical, musique contemporaine…Tout ce que l’on peut attendre d’un musicien d’aujourd’hui… particulièrement tourné vers la musique d’aujourd’hui.
Comment oublier sa dévotion pour Maurice Ohana (création des 24 préludes -un chef d’œuvre- et de son concerto), son duo avec la clarinette de Michel Portal, ses participations à la vie musicale de tant d’ensembles contemporains (EIC, Itinéraire..), de festivals d’avant-garde (Royan, la Rochelle) ? Son engagement alla jusqu’à sa participation à la création collective Vols au dessus de l’océan en 1977 -une joyeuse aventure !- et à l’écriture d’un opéra, Le procès de Galilée, totalement inconnu.

Et la musique de Schubert parmi tant de modernités ? Deux CD, pour deux œuvres importantes de l’Histoire (l’ultime sonate et les 4 impromptus opus 142). Chacun a en tête quelques interprétations. On ressort actuellement une version historique d’Arthur Schnabel, toujours plus talentueux. Et l’on pense à Brendel, à Arrau, peut-être même aux plus jeunes, Kristian Zimmerman, et pourquoi pas à Michel Dalberto. L’héritage est lourd. Mais Pennetier trouve sa voie, admirablement aidé par la prise de son lumineuse de René Gambini. Il joue Schubert comme de la musique sacré, et la sonate en si bémol comme un oratorio. Vive, aux accents saillants, pleine de vie, de celle des condamnés. Une musique tournée vers un autre monde, celui de la modernité. Ce qui n’est sans doute pas pour nous déplaire!