« Nouvelle sensation » d’un « retour du rock » qui n’en finit plus de retourner et de revenir depuis cinq bonnes années, Franz Ferdinand, malgré leurs fringues de ploucs et leurs coupes de fafs, vont sans doute remporter le morceau (disque d’or, quelque chose comme ça) dans la catégorie « rock indé qui fait danser » pour cette nouvelle année 2004. Tant mieux pour Domino, label mère qui mérite, aux côtés de projets un peu moins lucratifs (Will Oldham, Movietone récemment) de vendre aussi des disques… Plutôt qu’une chronique en bonne et due forme, voilà ci-dessous plusieurs bonnes raisons d’achats. Pourquoi allez-vous tomber amoureux de Franz Ferdinand ?

Parce que Take me out, le deuxième single de Franz Ferdiand est, malgré une construction des plus improbables, le tube de l’année, un bulldozer implacable capable de faire danser dès le matin.Parce que les plus assidus d’entre-nous étaient déjà fans de Jummy Fur, leur précédente incarnation. Parce que depuis les Strokes, on avait rarement entendu un premier disque contenant autant de panache, de fougue, d’impétuosité et d’envie d’en découdre, sans compter que FF est bien plus futé que la bande à Casablancas. Parce que FF est probablement la meilleure chose qui nous soit arrivée des Iles Britanniques depuis longtemps. Parce que FF vient de Glasgow en Ecosse, et qu’à l’instar d’un Teenage Fan Club, qui avait répondu au grunge d’Amérique en réhabilitant la power-pop, FF fout la honte à la vague new-yorkaise post-post punk en répliquant avec des armes locales oubliées depuis longtemps, mais à l’efficacité redoutable. Parce que les influences de FF sont, à l’image de son nom, noble : The Monochrome Set (on n’a jamais fait plus noble, leur chanteur était un prince et leurs disques, des principautés à part entières), Josef K, Orange Juice et l’écurie Postcard (dont le Slogan fut The Sound of young Scotland comme un écho à celui de la Motown, il est donc ici question de faire danser la jeunesse… noble cause), Joy Division (puisqu’on sait trousser avec noblesse la basse Rickenbaker), The Stranglers (noble hargne), Devo (nobles débiles), Human League (mais avec des guitares, noble innovation) et quelques autres. Le tout très noblement digéré. Parce que Franz Ferdinand ne dure que 38 minutes. Parce que sur scène, ils assurent un spectacle d’une sècheresse et d’une aridité confondante tout en étant d’une générosité sans faille. Parce qu’Alex Kapranos, leur chanteur, a une fâcheuse tendance à rappeler ce grand Duke d’Edwyn Collins. Parce qu’au niveau capillaire, ils nous changent agréablement des canons esthétiques de l’époque, on prévoira donc un printemps à mèche courte. Parce que Auf Aeshe est l’une des chansons les plus joliment déprimée et désirante jamais enregistrée. Parce que j’ai personnellement éborgné, avec une mauvaise foi à peine dissimulée, leur premier single Darts of pleasure et que je peux me permettre d’émettre aujourd’hui quelques regrets ennuyés. Parce que c’est un disque de pop universel et particulier, capable de vous accompagner de l’euphorie la plus survoltée à la mélancolie la plus effacée. Parce que les filles aiment ça. Et parce que de toutes façons, vous n’allez pas pouvoir y échapper.