On avait croisé Lou Barlow il y a quelques mois avec le dernier opus de Sebadoh -avec au passage un mémorable pétage de plomb lors d’un concert bruxellois, Lou quittant la salle au milieu du concert après s’être copieusement auto-frappé-, le revoici aujourd’hui avec une nouvelle aventure en stéréo de Folk Implosion, son projet avec John Davis, intitulée One part lullaby.

Schématiquement, le propos n’a pas évolué, les objectifs non plus ; il s’agit d’éclater proprement et simplement le folk, notamment par l’adjonction de samples et de beatboxes. Les « completists » sur Gainsbourg noteront à ce propos le quatrième morceau, sobrement titré Serge, qui s’appuie sur la célébrissime rythmique de Requiem pour un con. La fluidité est au rendez-vous, Barlow et Davis s’y entendant pour composer un morceau et le faire sonner nickel –My ritual ou Free to go. Et de temps à autres, on pense -sans que cela soit référentiel ou limitatif- à Beck (E.Z.L.A.), pour l’inventivité, la capacité à se nourrir d’influences très diverses et à régurgiter en compositions d’apparences fort simples. Le changement pour les deux de Folk Implosion, c’est que Natural one leur a apporté une reconnaissance aussi inattendue que méritée. Du coup, la tentation était forte d’essayer de présenter le disque quasi parfait -audaces mesurées, production un poil lissée. C’est ce que l’on constate sur ce One part lullaby, et qui en atténue peut-être un peu les mérites.
C’est un peu comme si Barlow et Davis s’étaient aliéné eux-mêmes leur espace de liberté, limitant le champ de leurs expérimentations. Du coup, on est un peu moins surpris, un peu moins séduit aussi. Une forme de monotonie s’installe au fil de l’album, au fil des écoutes –Mechanical man est une très jolie chanson, mais on attend en vain la déconnante, le moment où le morceau, sous l’influence des deux compères, va prendre la tangente pour s’égarer et nous en mettre une sur le coin de la gueule, tout en douceur. En un mot, la part de l’aléatoire, qui semblait prépondérante chez Folk Implosion, se dilue quelque peu dans la volonté de bien faire.

Allez, Kingdom of lies ou No need to worry sont vraiment très bons, et après cet exercice de pinaillage, on aime toujours autant Folk Implosion ; seulement on est attentif : l’attentisme, c’est la mort du petit commerce. On ne voudrait pas que ça leur arrive.