Un peu de chronologie pour commencer même si ce n’est guère évident avec l’énergumène. La basse si souple des Housemartins dans les eighties (devenus depuis les Beautiful South), c’était lui. Beats International dans les early nineties, c’était encore lui (souvenez-vous de Dub be good to me avec la ligne de basse empruntée aux Clash). Freakpower il y a peu, encore et encore lui. Pizzaman, Mighty Dubkats, Fried Funk Food au choix, c’est toujours lui, cette fois sous les traits de remixeur de luxe pour INXS, les Beastie Boys ou Vanessa Paradis.
Et aujourd’hui, « foin des bocks et de la limonade, des cafés tapageurs aux lustres éclatants », Norman Cook (puisque c’est finalement de lui qu’il s’agit) devient Fatboy Slim, pour votre plus grand plaisir lors des torrides soirées qui réchauffent l’hiver. Il se trouve que cet insatiable collectionneur de disques (voir la photo intérieure de la pochette) n’est pas que cela. C’est avant tout un musicien qui ne se contente pas de faire du bruit avec des boucles foutraques comme ses coreligionnaires de la Big Beat Boutique de Chemical Brothers ou d’avoir une punk attitude comme ces siphonnés de Prodigy. Lui se contente de tout miser sur l’hédonisme et le plaisir du grand public comme ces incorrigibles pourceaux d’Epicure que sont les Propellerheads. Et tout cela sans réellement le vouloir. A la suite d’une dépression de plusieurs années où il courut désespérément après le succès, c’est finalement ce dernier qui l’aura rattrapé.
Un premier album sous le nom de Fatboy Slim, Better living through chemistry, il y a deux ans et deux cette année, avec LE mégamix On the floor at The Boutique et ici avec You’ve come a long way, baby. Mais là, c’est encore plus fort et toujours sans filet ! Car cet album contient ce qui restera sans doute comme le super-tube de l’année, avec un clip « de la mort », The Rockafeller skank. Pour ce titre et pour tous les autres, Ganster stripping, Right here, right now, Fucking in Heaven, Built it up – Tear it down (grosse basse et riff sixties), Soul surfing (que son titre illustre parfaitement), ou Praise you (très Beats International !!), le Fatboy Slim nouvellement arrivé vaut le détour et l’achat, sans quoi le réveillon se ferait sans Sylvestre.