Le quatrième opus d’un engagé social qui met sa sincérité et sa générosité d’âme en musique. D’une façon complètement épurée (guitare, harmonica, voix, percus… légèrement musclés avec le soutien d’Alain Renaud), qui confirme la tendance néo-folk, dans laquelle s’aventurent de plus en plus les artistes du Sénégal, à la suite d’un Seydina ou d’un Ismaèl Lô. Fils Diola, enfant du Sénégal avant tout, ce jeune troubadour n’oublie pas qu’il a vendu des noix de cola dans les rues de Thiaroye (la « zone » de Dakar, son quartier), avant d’entamer ses études en sciences éco. Militant de la division « art » d’Enda (une Ong), El Hadj Ndiaye travaille aujourd’hui dans les quartiers défavorisés, en faveur bien souvent de gamins condamnés par les peurs du lendemain.

Devenu un des principaux chantres en quelque sorte de la génération boul falé (une variante sénégalaise de la génération sacrifiée), il ne mâche pas ses mots. Qu’il s’agisse de parler de la dure condition des SDF ou de condamner l’action « castratrice » de la Banque Mondiale, qu’il s’agisse de causer du combat pour la dignité de chacun ou de pointer du doigt la corruption des politiciens, qu’il s’agisse de la solitude ou de l’exil, des ravages du sida ou de la perte d’identité, le propos est égal à la douleur d’un poète qui refuse le silence. Et qui prône le combat contre la bêtise humaine. « Aujourd’hui la raison me dit/ Qu’il faut continuer… » écrit-il dans une de ses ballades qui mélangent à merveille l’accent du terroir (l’influence du chant traditionnel, imprégné par les différentes cultures du Sénégal) et les apports urbains qui annoncent l’Afrique de demain.