Deuxième album du duo parisien Dragibus (Frank De Quego et Lore Bargès) après Barbapoux (1996, Saravah), le 45 tours O Dragao magico et des participations aux compilations Discotroma, Compilazoo et Rythme Brut. Pour ce Papriko à la jolie pochette toutes de boutons, d’ours et de bouts de laine, ils reprennent leur formule magique, à savoir une relecture minimaliste de comptines du monde entier (pour petits et grands puisque Dragibus joue dans des écoles et des salles de concert… ainsi qu’au Japon, pays qui les adore !), avec Frank à la batterie bricolée et Lore à la voix si enfantine et si entêtante…

De plus, un travail supplémentaire de collages sonores à partir d’extraits de 45 tours pour enfants trafiqués enrichit beaucoup les morceaux. Ainsi, Chers petits amis (qui ouvre le disque), Le lila, Celui qui n’entend qu’une cloche et Fuyez Princesse (qui le termine) sont des collages très réussis. Domotor est une chanson pour un robot bête et maladroit tandis que Brigandou est un hit (le tube du disque, indéniablement) ska-accordéonisé acidulé du tonnerre. Les enfants participent évidemment et La famille tortue est d’abord chantée par un petit et se termine plus étrangement comme dans une pièce de Dominique Petitgand. Baa Baa black sheep est une comptine bourrée de percussions diverses et on ne sait si le piano qui joue la mélodie est inquiétant ou mélancolique. La version Dragibus de Une souris verte ressemble à celle qu’aurait pu en faire les Minutemen ou The Ex : un des meilleurs morceaux du disque. Où va-tu petit lapin n’est pas produit par Bill Laswell mais Buckethead apprécierait certainement. The old lady who swallows a fly rappelle les Young Marble Giants jammant avec Jad Fair et Tsukino est une ballade dont le charme rétro est à fendre le cœur. Le bucolique La fée clochette a des airs de folk acide 60’s (si, si). Kocsi et Trabant sont dérangés par des effets électroniques bizarres qui n’ont rien à envier à la crême de l’electronica actuelle à la Mego. Paprika, plus punky de fête foraine, casse le rythme avec bonheur et s’enchaîne avec le puissant Simple Simon, comme si Add n to X avait une chanteuse intéressante et des percus free jazz : deuxième meilleur morceau du disque. By’n by est-il un inédit de Pram ? Féérique en tous cas, suivi de A monster song, fanfare déjantée et enjouée.

Conclusion : si vous aimez les monstres, les chansons pour enfants, si vous êtes petit, si vous êtes grand, si vous aimez l’art brut et la sincérité, le bricolage et les refrains tordus, le Muppet Show et les Residents, ce disque est pour vous. Alors, chers petits amis ?