Dragibus est un groupe de rock pour les kids. Mais aussi pour les « kidults », comme on appelle ces adultes qui ne veulent pas grandir (ou qui ont gardé leur âme d’enfant… un peu tous les trentenaires de 2003). Dragibus est un trio parisien, composé de Lore (chant et collages), Leo Robot (« Space Keyboard Roland D50 ») et Franqo-Rythmo (batterie, percussions, electro-toys, little samplers, clap-clap, old synthé, noises et cheap effecto). Le groupe reprend des chansons traditionnelles de tous les pays (France, Angleterre, Italie, Japon, et même Hongrie) et a déjà sorti plusieurs albums qui ont rencontré un public de fans enfants (dont ma petite nièce) et adultes, en France et surtout au Japon, où ils font des tournées triomphales… Dragibus fait de la musique adulte pour les enfants et de la musique enfantine pour les adultes. Les mélodies sont simples, faciles à entonner et efficaces (Demetan est un tube en puissance) et les prétentions un peu expérimentales ne les verront jamais tomber dans la musique mainstream. La batterie rappelle certain groupe punk ou krautrock, les sons électroniques évoquent le futurisme cheap des années 50-60 (Raymond Scott). Le charme de cette musique, c’est son côté cheap, de bric et de broc, lo-fi et faite comme en s’amusant.

Par ailleurs, Dragibus fonctionne souvent comme une madeleine de Proust, réveillant des souvenirs enfouis, à travers une mélodie qu’on entendait, disons, entre 2 et 8 ans, et qui revient à nos oreilles aujourd’hui, parée de nouvelles couleurs, plus modernes, mais toute aussi émouvante (on se demande ainsi où on a entendu Cam Camini pour la dernière fois). Le côté poppy-lollipop imprimé par la voix acide de Lore et les synthés ou petites percussions, est agréable aussi, entre Araki et Hello Kitty, Fuli kuli et Sun Ra. Oui, Sun Ra, car la culture de ces trois là ne s’arrêtent évidemment pas à Anne Sylvestre. Franqo s’occupe du magasin Bimbo Tower vers Bastille, où l’on peut scroller les goûts et influences de Dragibus dans les rayonnages (des graphistes du Dernier Cri aux disques Soul Jazz Records). Par ailleurs, Lore est illustratrice (c’est elle qui a fait les trois pochettes du pendant les fêtes, offrez-vous le dernier Dragibus.