(Apollo/R&S)

DJ Krush, avec dans ses bagages, Toshinori Kondo, trompettiste d’avant-garde japonais qui a notamment joué avec John Zorn. Le but, sur cet album, était de bâtir tous les morceaux en étroite collaboration en partant des scratches et des samples de Krush. Et ça marche ! Alors que le mixmaster nippon fait une nouvelle fois admirer sa précision et sa concision, Toshinori Kondo pose sa trompette -tantôt acoustique, tantôt électrique- sur ce tissu sonore avec une belle maîtrise et un grand naturel. Les deux se retrouvent dans une même attitude musicale, faite de félinité, d’élégance mais aussi de puissance, et arrivent à créer des climats d’une grande intensité. Ils passent avec succès l’écueil de l’uniformité et offrent même quelques grands moments, avec des plages pour la plupart assez longues.
Si la démarche de DJ Krush peut dans l’esprit s’apparenter à l’expérience tentée deux fois par Guru -dont Krush est un grand fan- avec Jazzmatazz, au résultat, cela n’a pas grand chose de comparable. D’une part, les compositions de Krush et Toshinori sont toutes instrumentales, alors que Guru faisait appel à beaucoup de contributeurs vocaux. D’autres part, les ambiances agencées par les deux nippons sont éminemment plus sombres que celles de l’américain, mais l’opacité -voire une certaine appropriation d’un espace sonore nocturne- est une des marques majeures de l’œuvre de Krush.

De cette fascination naissent des morceaux majestueux et inquiets, tels Ko-ku, Mu-getsu, Ha-doh ou Sun is shining (oui, à l’origine c’est bien le morceau de Bob Marley !). Les deux compères terminent avec Tobira-3, titre sur lequel ils font admirer leur virtuosité, notamment Krush avec des scratches vraiment venus d’ailleurs.