(Inflamable/Columbia/Sony)

Il s’en est fait tailler, des croupières, le DJ Cam national. Hyper doué, mais un brin paresseux. Inspiré, mais un poil d’orgueil en trop. Il a suffi de quelques morceaux un peu moins enchanteurs, d’un album un peu plus convenu, pour que tout de suite on le déclare has been potentiel -et ce au moment même où il rencontrait à l’étranger le succès mérité. Que pouvait-il faire ? Essayer de repartir sur des bases différentes, se démarquer d’un son qu’il avait contribué à créer, arriver tout beau tout neuf en quelque sorte. Et The beat assassinated est le fruit de cet effort pour changer, un fruit qui, s’il manque parfois d’un peu de brillance, est en tout cas bien goûtu. Deux remarques d’entrée : le son est nettement plus rêche, et l’orientation est au hip hop. Est-ce une manière pour DJ Cam de payer son tribu à une musique qui l’a toujours influencé ? Sans doute pas ; il y aurait plutôt une volonté de combattre l’image de nonchalance qu’on lui a un peu vite accolé. I love hip hop, le premier titre, est extrêmement réussi, c’est un concentré d’énergie dans laquelle on retrouve plus d’un fois la patte sûre de Cam, comme à l’affût derrière ce faux hommage à la musique de la rue.

Il apparaît souvent très incisif, sachant également s’entourant de bons rappers -Channel Live, Silvah Bullet- et délivrant des morceaux aux rythmiques enlevées (Renegade, Hardcore freestyle). D’autres fois, on est plus proche du style ancienne manière (Inside in a mind, Baron samedi). De plus, DJ Cam a l’élégance -et la malice- de terminer avec un titre somptueux, sur lequel son style fait merveille : Brooklyn 1-2. Un hymne extatique à la beauté et à l’étrange. Il est dommage cependant que l’album pâtisse d’une production qui n’apparaît pas idéale (un peu monocorde, sans grand relief), et qu’on sente encore, par moments, Cam comme bridé. Mais enfin, qu’il se lâche donc une bonne fois pour toutes !