Diamanda Galas est une artiste trop méconnue, alors qu’elle a sorti une petite dizaine d’albums. Pour beaucoup d’entre vous, il est sûr que vous ne l’avez jamais entendue, car sa voix ne s’oublie pas de sitôt. En effet, elle peut la moduler sur plusieurs octaves, et ne s’en prive pas, au grand bonheur de ses fans.

C’est bien simple, en général, on adore ou on déteste. Mais dans tous les cas, difficile de nier le talent qui se niche dans la voix de cette femme qui a une très forte personnalité. Depuis plus de dix ans, elle s’est engagée pour la cause du Sida, et a donné de nombreux concerts dont les fonds ont été reversés à des associations combattant le virus ou aidant ses victimes.

Sur ce nouvel album, c’est une Diamanda en forme extraordinaire qui nous revient, après diverses collaborations avec des artistes cultes underground (dont John Paul Jones des Butthole Surfers). Enregistré sur deux ans dans divers endroits du globe (Berkeley, Thessalonique, Udine, Vienne, Milan, New York…) et en concert, cet opus offre une Diamanda en apparence apaisée -cela étant du au fait que l’orchestration est des plus dépouillées, puisque que la dame chante accompagnée seulement de son piano- mais en fait toujours tourmentée par ses grandes obsessions : l’idée de culpabilité, le sentiment de fatalité et la difficulté des rapports humains.

Mais grande surprise, elle a choisi cette fois-ci pour illustrer ses thèmes moteurs essentiellement des reprises, et pas des moindres : Iron lady (Phil Ochs), The Thrill is gone, My world is empty without you (chanson immortalisée par les Supremes), Death letter (Son House), Insane asylum (Willy Dixon) ou encore Gloomy sunday sont au programme, complétées par des textes de Baudelaire ou Pasolini mis en musique.

La voix de Diamanda Galas est toujours aussi magnifique, puissante, magique, profonde ; elle s’accorde parfaitement à la dimension tragique des morceaux, mais ne faites pas pour autant de Malediction and prayer un album triste à mourir. Il a une beauté sombre et mystérieuse, des capacités hypnotiques indéniables et ravira les oreilles un tant soit peu audacieuses. Mais les vôtres devraient toujours l’être…