Depuis Jimi Tenor, il n’est plus interdit d’introduire un peu de décadence dans la techno. Chez Disko b, ils ne s’en privent pas. Prenez Dakar & Grinser, alias Christian Kreuz (voix et synthés) et Michael Khun (drums, samples), ils font les choses simplement : deux grands blonds habillés en noir, qui s’enfilent leur deux bouteilles de Jack Daniels par jour, s’entourent de doberman dans des salons baroques et écoutent du Johnny Cash dans leur voiture. Leur but : donner aux Européens le plus grand coup de pied au cul qu’ils aient reçu depuis Rock me Amadeus de Falco. Réussi ? Presque.

On a donc affaire à un bon album d’electro-funk, avec pas mal de chant et de sensualité post-moderne ou tout simplement comique. Take me naked (prends-moi tout(e) nu(e)…) attaque fort avec une ligne de basse qui tue et Walking in the acid rain fait exactement cet effet : c’en est presque agréable. Are you really satisfied now ? le titre qui donne son nom au disque est une sorte de disco martiale qui évoque le meilleur de nos années new wave. Parodique et terrifiant d’efficacité : vous êtes contents maintenant !? Peace of Bourbon insiste sur le moteur de leur pop éthylique de club enfumé tandis que Stay with me (gros tube sur Nova) fait remuer les lèvres et sourire du derrière. Meilleur titre du disque. Professional Slackers est évidemment la profession de foi de ces deux jeunes dilettantes qui n’hésitent pas à reprendre I wanna be your dog, avec brio et panache en plus ! Un sympathique tribute aux Stooges, qui inspirent plus de technomen qu’on ne croit. Quoi d’autre ? Faites danser les imbéciles (Jam the suckers in), c’est toujours drôle. Et puis Le Cha, avec une Miss Kittin en pleine forme qui veut tuer son chat. En tant que décadente en chef du label, pas étonnant de la retrouver avec eux. Pour finir, le remix de Pulsinger de Stay with me fait vibrer notre corde sensible, mais pas de quoi fouetter Le Cha.

Moralité : il n’y en a pas. En Allemagne, on s’amuse comme on peut avec les clichés electro des années 80. « Are you really… » Oui, nous sommes vraiment satisfaits de ce disque plutôt drôle et réussi maintenant. A ranger à côté de Khan et autres plaisantins du sexe électronique.