Avec un nom comme ça –Cosmodrome– et un titre de cet acabit –Proposition pour une conclusion musicale au vingtième siècle-, on se dit qu’il n’y a que deux solutions : où les deux jeunes français qui composent ce duo synthétique (!!!) sont bardés d’humour jusqu’à la moelle, où ce sont deux petits cons prétentieux. Seul moyen pour vérifer, mettre la galette sur la platine (hé oui les bozos, vinyl only !) et juger sans concessions. On jette un petit coup d’oeil à l’insert, histoire de voir ou nos craintes ou notre plaisir se confirmer : ils se réclament de Kraftwerk, Yello Magic Orchestra (ce qui demande de nos jours une bonne petite dose de courage), Suicide, Cluster et autres Jean-Jacques Perrey ou Giorgio Moroder. Diable ! ils n’ont donc peur de rien…

Bon, on se concentre sur le rond central -clairement réminiscent, lui-aussi de l’esthétique des années 70 et du début des années 80, l’époque de leurs références et d’une vague de froid musicale- et on se laisse baiser la gueule par ces boucles répétitives, ces nappages glacés propres à refroidir tous les calbutes normalement agacés en cette période pré-estivale. D’accord le son est archi cheap -le défaut principal de l’album- même si la plupart des sonorités kitsch sont volontairement amorcées par ces gredins. Bien sûr, l’ensemble est encore un peu tendre, et manque d’homogénéité (sur la même face : Exotronic, le meilleur titre, clairement affilié Kraftwerk/Residents tendance Add N to X light, mais aussi Acrylique majoritaire, absolument atroce -mais les vétements où l’acrylique est majoritaire ne sont-ils pas nécessairement atroces ?).

Cependant, comme dans le même temps, certains titres ne manquent pas de poil à gratter (Samba electrica, parodie de House de plage), et que de telles positions méritent d’être soutenues -en particulier dans notre hexagone frileux-, on se permettra donc de recommander l’écoute de Cosmodrome, en leur refilant tout de même quelques conseils : boostez le son et démarquez-vous un peu plus de vos judicieuses mais encombrantes influences : elles pourraient un jour vous attirer plus de moqueries et de rires que d’éloges.