Bad man vient tout juste de débarquer dans les bacs français… On avait porté beaucoup d’espoir sur Buc Fifty, un Mc furibond originaire de New York (et résident à L.A), qui officiait il y a quelques années sous le nom de Buckwhead au sein du combo The Wascalz. Buc a largué par le passé quelques torpilles furieuses (Dead end street, Worst enemy…), qui laissaient pressentir un avenir des plus prometteurs pour sa face. Mais force est de constater que Battle Axe s’époumone, à force de racler l’extremum de ses fonds de tiroir. En témoigne cet album en demi-teinte, meublée d’anciens morceaux (pourquoi nous rabâcher le vieillot Planet alignment feat. Swollen Members ?) et de titres parus sur diverses compilations (Go for mine featuring Mad Child & Kutfather, Still getting over…). Grosse déception donc dès le premier coup d’oeil du côté du tracklisting…

Certes, Buc est toujours irascible, décharge son flow de pitbull désarticulé en toute puissance (Drama, You fear me, Manifest destiny, Death appeal…) mais les étincelles qu’il crache se font fréquemment embrumer par les productions très ordinaires de Rob the Viking (qui s’occupe ici de la moitié de l’album). Hormis ce bon vieux Ralph M. (aka The Funky Mexican, ex-membre du groupe Funkdoobiest) qui renverse les tympans sur Putting check down (encore un vieux titre, récupéré sur la première Battle Axe Warriors compilation) et nappe l’auditeur de basses ronflantes sur Life ain’t fair, les potes producteurs de Fifty manquent sérieusement d’inventivité. Malgré tout, on savoure tout de même les textes corrodés du bonhomme, qui nous verse des lyrics rugueux tout au long de la galette (« love the smell of gun powder in da mornin’ / Yeah nigguz, so new recruits see my warnin’ / You can’t roll with me you gots to kill if you want it / It’s my way of life, I ain’t glorifyin’ death / But I know there is nigguz out there who want to take my breath… ») et exhausse l’argot à la hauteur d’une science…

Mais pour être honnête, l’album qu’on attendait était celui dont tous les vieux fans de Buc Fifty avaient entendu parler dernièrement. Un album intitulé Nigga heaven ou Death appeal, entièrement produit par The Alchemist (son pote de toujours et meilleur allié à ce jour). Cependant, il semblerait entre-temps que ce déséquilibré de Buc ait fait quelques petites bévues et se soit retrouvé derrière les barreaux. Les Swollen ont donc décidé de rallonger le maxi Bad man sorti en novembre 2000, en piochant ici et là de vieilles chutes de studios et autres morceaux tirés de compilations. Ce qui donne un disque inégal, qui ne reflète pas vraiment le potentiel actuel du bonhomme. Mais on ne va pas chipoter.

Bad man est une sorte de best of d’assez bonne facture, qui rassemble quelques passages intéressants de la carrière de Buc, ainsi qu’une ou deux pépites à ne pas louper (You fear me et I’m sorry par exemple). Mais quitte à faire ce type d’album, Battle Axe aurait du insérer les brûlots hip-hop de Buc les plus intéressants, à savoir Dead end street, Metal’s advocate, Bangin’ et Worst enemy