Bows renaît pour la seconde fois des cendres de Long Fin Killie, groupe écossais mésestimé en son temps, tout juste culte, duquel Luke Sutherland (Mr Bows) rendit le tablier lors d’un concert d’adieu mémorable pendant les Transmusicales 98. Depuis, on a vu Luke Sutherland un peu partout et en particulier avec Mogwai.

Pour ce nouvel album, Luke Sutherland a multiplié les rencontres et Cassidy doit sa douceur à l’apport de deux belles voix féminines (la chanteuse danoise Signe Hyrup Wille-Jyrgensen et Ruth Edmond) qui tiennent le premier rôle tout au long de ces douze titres. Ici, le bel organe de Luke est remisé aux apparitions furtives et on a presque le sentiment qu’il est un invité sur son propre disque, ce qui lui permet sans doute de se concentrer sur la composition et les arrangements, tout en jouant au Pygmalion. La formule fait penser au Black Box Recorder de Luke Haines et l’essentiel Cuban welterweight rumbles hidden hitmen pourrait être extrait de leur dernier opus.

Cassidy semble nous inviter au voyage intérieur, à la relaxation et le drum’n’bass/electro de Bows, agrémenté de cordes et de cuivres, ravira sans doute les amis de Anja Garbarek. Sur d’autres titres, c’est aux Cocteau Twins ou My Bloody Valentine à qui l’on songe. Est-ce Luke Sutherland qui se chargera de sortir le successeur de Loveless ? Le jeu de guitare inauguré sur Amelia, dernier album de Long Fin Killie, se développe ici avec plus de bonheur encore et fait de titres comme Blue steeples de petits bijoux planants. On l’aura compris, Cassidy convient davantage à la chaleur de l’alcôve qu’à la moiteur des dancefloors. Et l’album, tout en enveloppant l’auditeur dans une myriade de sons chatoyants (comme ce Man fat dont les cordes se perdent entre Lee Hazelwood et Melody Nelson), pèche parfois par un manque d’aspérités et de contraste. Ou peut-être n’est-ce qu’en comparaison des syncopes et tremblements de terre dont Long Fin Killie savait perturber son paysage. Bows fait figure d’élève un peu trop sage, ce qui rend l’album inégal, mais Luke Sutherland étant plus actif que jamais (un EP de spoken-words, Pink puppet, sort parallèlement à celui-ci, le second roman de Luke est annoncé pour la fin de l’année et son premier est en passe d’être adapté pour la TV), on guettera avec avidité la suite des aventures du petit homme noir écossais afin de situer Cassidy à sa juste place au sein du kaléidoscope tortueux de son œuvre.