Le live d’une des plus belles aventures discographiques de l’année 99. Le rendez-vous unique donné au Zénith par Passi et son collectif de rappeurs congolo-français (Arsenik, Ben-J des Nèg’Marrons, un jumeau des 2Bal, Mystik, ainsi que sa cousine M’passi du groupe Melgroove) a séduit. Possee de choc sur un concept à 100 % novateur dans le hip hop français. Principes fondateurs : se ressourcer, renforcer une tendance du rap hexagonal qui fuit l’américanisation et assumer son « cul écartelé entre deux chaises ». Un vaste programme… qui donne à entendre des ambiances musicales panafricaines et une tension urbaine à tendance universelle. De Dakar à Lomé, en passant par Kin-la-belle : la tchatche est sans aucun doute parisienne. Un bon délire qui prouve entre autres choses que les conflits de génération (jeunesse française / parentèle immigrée) ne sont pas aussi patents qu’on veut bien le faire croire dans l’enfer des cités françaises. Voilà ce que raconte en tout cas la légende entretenue autour du Bisso.

« Là-bas, on nous considère comme des Français. Ici, on nous taxe d’étrangers. » Qui n’a pas déjà entendu cette phrase souvent pleine de dépit ? Elle pèse de tout son poids en tout cas sur le concept du Bisso Na Bisso. Avec des complices de taille à leurs côtés, des aînés ravis par l’idée de cet aller-retour France / Afrique. Des invités prestigieux qui sont venus du milieu afro-antillais. Ismaèl Lô, Jacob Desvarieux, Lokua Kanza, Monique Seka, Koffi Olomidé… Des instrumentistes de qualité : on appréciera la présence du bassiste Michel Alibo pour ne citer que celui-là. Et surtout des samples historiques qui nous entraînent dans un rap tropical assez pimenté. Amiyo, L’argent appelle l’argent… Des classiques. Des clins d’œil intelligents. De la rumba congolaise : le ndombolo est revisité en une version chaudement world. Du makossa. Du zouk. Et Franklin Boukaka, vieille relique oubliée du patrimoine musical congolais, remis au goût du jour. C’est à la fin d’un morceau de ce dernier, Enfants du Congo, que les tchacheurs du Bisso, dont les parents sont tous « issus d’ethnies différentes dans un pays aujourd’hui fratricide », ont scellé en lingala et en français leur Union. L’album live est un véritable joyau qui prolonge de loin le studio. Avec quelques moments inédits. Essentiel dans votre discothèque.