Susan Graham (mezzo-soprano). Orchestra of the Royal Opera House, John Nelson.

(Sony)

La mezzo américaine a le talent moins tapageur que certaines de ses consoeurs, mais dans ce répertoire français, on lui cherche désespérément des concurrentes à sa hauteur. Hormis, bien sûr, Von Otter (DG), de toute façon hors compétition ici, comme dans bien d’autres choses.
Voilà donc d’admirables Nuits d’été,Susan Graham, sans jamais chercher quelque effet supplémentaire, s’en tient humblement à la lettre de la partition, distillant une poésie rarement entendue au disque. Et quelle diction parfaite ! Pour un peu, et elle surpasserait notre Crespinette nationale… Version d’une ineffable simplicité, donc, sensuelle, colorée et intimiste, où l’Américaine sacrifie tout juste, parfois, l’expressivité du récit à la pure beauté du son. La sélection d’airs opératiques qui complètent ce cycle est plus inégale : on passera donc rapidement sur une Marguerite assez peu caractérisée, pour entendre plutôt Ascanio (Benvenuto Cellini) et surtout Béatrice, que Graham incarna déjà dans une superbe intégrale dirigée par le même John Nelson, excellent.
Tout ça promet en tout cas de beaux lendemains pour le chant français, que la mezzo américaine semble vouloir explorer plus avant : Charlotte, bientôt, au Met, et un prochain enregistrement consacré à… Reynaldo Hahn ! D’ici là, le public parisien l’aura entendue (novembre, Bastille) dans un de ses rôles fétiches, Octavian -et aux côtés de la Maréchale Fleming… mes aïeux !