Beastie Boys (et non pas THE Beastie Boys, tenez-vous le pour dit !) est reconnu comme le premier groupe de rap blanc de l’histoire à avoir connu le succès. Ce qui peut paraître étrange puisque Beastie Boys, il y a vingt ans, était un groupe de punk hardcore à qui personne n’aurait oser confier sa fille (sauf peut-être monsieur et madame Schellenbach puisque Kate en était la batteuse avant de rejoindre Luscious Jackson). Toujours est-il que vingt ans plus tard, Beastie Boys est encore là, et pour longtemps. Leur succès ne s’étant jamais démenti. Cette compilation Anthology : The sounds of science vient donc à point pour marquer à la fois une pause et un bilan de carrière. Cinq albums (Licenced to ill, 1986 ; Paul’s boutique, 1989 ; Chek your head, 1992 ; Ill communication, 1994 et Hello nasty l’an dernier), mêlant adroitement les deux courants musicaux préférés de la jeunesse américaine, ont battu pratiquement tous des records de ventes ou de remises d’honneurs. Les prix sont éloquents. Licenced to ill, premier album rap numéro un du Billboard en pop et en R’n’B avec cinq millions d’albums vendus (en 1986 !). Paul’s boutique étiqueté « Pet Sounds du hip hop » dans Rolling Stone. Ill Communication sortant alors que le groupe est en tête d’affiche de la meilleure édition du Lollapalooza. Hello nasty présenté comme le gagnant de trois projets longtemps virtuels : un album concept enregistré dans un sous-marin, et une création country à offrir à Garth Brooks étant aussi en lice !

De tout ça, que reste-t-il dans cette anthologie ? Tout simplement ce à quoi Beastie Boys nous a toujours habitué, c’est-à-dire un joyeux foutoir. Défiant tout fan de reconstituer la chronologie de ces quarante deux titres, Beastie Boys nous offre effectivement le meilleur de lui-même. Foin du côté trop foutraque/foutage de gueule de certains morceaux ressemblant plus à des numéros, Beastie Boys nous livre ici plutôt une histoire de la musique populaire américaine de ces quarante dernières années. Une musique adolescente qui ne dévie pas de son objectif premier : rester festive avant tout ! C’est ainsi que, au gré des morceaux, on retrouve le punk hardcore des débuts (Beastie Boys), la pédale wha-wha dans toute sa splendeur (Root down), le sample de flûte jazzy/indienne (le tube Sure shot), un remix de Fat Boy Slim pour Body Movin’ (dont le style n’est jamais loin de celui de Beastie Boys !), une chanson de pur rock américain engagé (Fight for your right), un country pour Garth Brooks ? (Country Mike’s theme) ou un titre qu’aurait pu signer Syb Barret (Song for the man) sur le premier volume.

Le second offrant, quant à lui, une ode incantatoire (The biz Vs the nuge), une moquerie contre Rage Against the Machine (l’immanquable Sabotage), à moins que ce ne soit un hommage à John Cale (!), un vrai rap old school (quand même !) avec Brass monkey suivi d’un vrai hardcore comme on n’est fait plus (Time for livin’), une reprise du tube d’Elton John au riff de piano parfait (Benny ans the jets chanté d’une voix épouvantablement drôle !), une parodie de Foreigner (le riff de She’s on it !), de Santana (Son of neckbone) ou de Willy Nelson (Railroad blues). On en passe et des plus marrantes encore.
Malheureusement, vingt ans de carrière ne se résument pas comme ça, en quarante deux titres sur deux CDs plus quelques inédits, et on peut regretter que le groupe n’ait pas fait le choix d’une réédition anthologique des singles que l’on ne risque plus de voir resurgir avant leur… trente ou quarantième anniversaire ! En attendant, appréciez aussi le livret qui reprend les hilarantes pochettes des singles contenus dans le coffret.