C’est en 1998 que le collectif Audiomicid a commencé à s’agiter sérieusement, notamment lors de compétitions de Dj’s, en équipe puis en individuel avec Dj Kodh (trois titres nationaux et deux titres de champion du monde DMC et ITF au compteur…). Kodh fusionne ici avec Shone, Feadz, Low, Modz, Dirt et Shino, pour nous proposer un univers qui oscille entre breaks déjantés et musique electro, fourmillant de scratch music déviante et de luminosités palpitantes. Après que certains membres du crew se soient fait remarquer avec les mixtapes Loqk emotionz ou la série Astrobastard, Audiomicid nous propose un projet musical attirant, qui fourmille de dix milles idées au bit. Sur Black rain, l’équipée nous embarque sur un beat remuant, sur lequel se place différents scratches majestueux, éclatés de toute part, dont le flux semble incontrôlable. Les amateurs de turntabliszm seront ravis, surtout s’ils apprécient les croisements inventifs entre musique électronique et hip-hop de choc. Des bruines de synthés s’entrechoquent ici à foison, déplacent le BPM, poussée névralgique à l’appui. Contrairement à la grande majorité des plages de cette galette, le morceau Depression est beaucoup plus calme, et, comme son nom l’indique, il tend vers une mélancolie agréable, sournoise. Il permet aussi de respirer, de calmer les ardeurs de ce crew disjoncté. Les sons se mixent sur un beat qui tarde à venir, lourd comme un rouleau compresseur, caressé par des phases scratchées de timbrées. Quant à la Séquence 6, elle démarre sur un jus électrique qui s’étale sur des beats electro bien funky, tandis que des petits crachins de scratches sont étendus avec malice sur des sons qui s’emboutissent. Les contretemps enlacent les cross-faders, les rythmiques brutalisent l’auditoire et les basses défoncent le plafond… On attend avec impatience l’album Strange data, prévu pour bientôt…

Quant à Para One, metteur en son présent sur Ceci n’est pas un disque de TTC, joueur dans L’Atelier et son Buffet des anciens élèves ou encore producteur pour L’Armée des 12 et son Cadavre exquis, il vient de placer dans les bacs un des EPs les plus pertinents de ces derniers mois. Sur cette deuxième sortie du jeune label Institubes, Para One réalise ici un opus chatoyant, fabriquant des atomes qui se culbutent sur plusieurs tranches harmonieuses brisées (J’aimerais bien), alimentées au cran d’arrêt intellectuel et à l’imagination créatrice (l’étincelant Turtle trouble fera bouger les dance-floors les plus coincés du cul). L’auteur de la prod du sublime Hélium liquide largue des salves electronica délicates, mêlées à un hip-hop instrumental savant (l’onctueux et post-moderne Nobody cares prend à la jugulaire…), emmêlant avec ferveur une musique électronique colorée et un hip-hop inventif. On compte sur les gaillards du label Institubes pour qu’ils éditent l’album en 2004.