Voilà un groupe basque qui remporte un gros succès dans les chaumières hispaniques avec un rock 100% américain, improbable version de metal stoogien et de blues Gun Club, au petit accent pointu. Une sorte d’hérésie géographique, un peu comme les Herman Düne en France, avec leur high lo-fi folk pro-végé. Ce qui n’empêche pas ces deux groupes d’avoir commis deux des meilleurs albums rock de l’an 2001.

Atom Rhumba, donc, derrière ce nom impossible, sont quatre jeunes musiciens basques, qui ont gagné leurs galons sur la scène rock espagnole au sein de groupes aussi purs et durs que Reverb Lovers, Yogur ou La Secta. Depuis des années, ils parcourent l’Espagne dans tous les sens pour imposer leur rock abrasif dans la culture espagnole. The Cramps, Pere Ubu, Make Up, Suicide, Sun Ra, Television, Jon Spencer, Kim Salmon (et ses Scientists), Ornette Coleman, sont autant d’influences citées à leur propos. Après un titre de « Meilleur groupe basque » en 1998, et deux albums affranchis, Hormonal riot et Dirt shots (enregistré live en une seule journée !), ils ont fait appel à Mick Collins, de Detroit, célèbre pour ses faits d’armes avec The Gories et plus récemment The Dirt Bombs, pour produire et enregistrer en dix jours ce troisième album de fer blanc, leur apportant même le titre, Chasin’ the onagro.

Si Mick Collins est connu pour ses relectures électrisées de la meilleure musique populaire sixties américaine, les bambinos de Atom Rhumba ne font pas piètre figure à ses côtés, tant leur rock’n’roll sauvage et ébouriffé s’abreuve à la même source, avec la naïveté et la spontanéité européennes en sus. Ce nouvel album se distingue des précédents pour son caractère résolument rock’n’roll, voire même « classic-rock », si on peut désormais compter parmi les classiques les Stooges ou les Stones. Tout l’album est sale et électrique, décontextualisant et déterritorialisant (si j’ose dire) l’explosivité du garage sixties. Des riffs stoniens accélérés, des rythmiques lourdes et sophistiquées, des cavalcades de basses, un chant acéré, tout laisse à penser qu’Atom Rhumba est un grand groupe de scène.

De Techno boy et son petit côté Rock the Casbah à Cerebros con esquinas, instrumental survolté bien binaire tendance Stooges (mais sans les râles rauques), ce troisième album évoque bruyamment le meilleur des sixties, celles qui sortaient de nulle part en trois minutes chrono, et fournit assez de poudre pour emporter n’importe quelle foule dans un pur pogo. Même si ça n’a pas été le cas aux Transmusicales de Rennes cette année, pour cause d’ingénierie sonore déficiente, on recommande chaudement de guetter le passage de ces espagnols saturés.