Escale de la grande épopée tzigane en terre hongroise. Tragique, nostalgique ou gaie, la musique des gens du voyage privilégie ici certaines traditions vocales à l’ancienne et fait appel à peu d’instruments, si l’on excepte -bien sûr- les amis invités tels Girard et Castiello (violon, accordéon) du groupe parisien Bratsch. A la base, l’instrumentation de la formation initiale est très réduite, un peu comme à l’époque où leurs ancêtres ne pouvaient se trimballer avec certains éléments, soit parce qu’ils coûtaient chers, soit parce qu’ils prenaient trop de place. Guitare, mandoline, percussions d’un type très singulier parfois (le bidon de lait ou la cuillère en bois par exemple)… L’ensemble est merveilleusement accompagné par les mains et les bouches, instruments naturels qui témoignent d’une grande inventivité en la circonstance. En réécoutant l’album, on retiendra probablement cette façon si particulière qu’ont les interprètes du groupe, lorsqu’ils redonnent vie aux leçons des anciens, en imitant avec leurs voix la fameuse percussion « pergetés«  ou encore cette superbe manie qu’ils entretiennent admirablement… en reprenant les sons de la contrebasse « szabögö » par de complexes onomatopées qui captivent.
Né au début des années 80, Ando Drom (qui signifie « sur la route ») a toujours travaillé en étroite collaboration avec la fondation du même nom et le parlement rom dans l’idée de perpétuer la tradition tzigane aux générations présentes et futures. Loin des stéréotypes réducteurs et loin des sonorités légères qui font la gloire des cafés de Budapest, les membres de l’équipée Ando Drom se faufile avec cet album à travers les sensations du passé, en restituant leur univers (c’est selon) à travers treize titres, tous saisissants d’émotion. Treize morceaux à travers lesquels le groupe tente selon ses passions et ses peines du moment de retranscrire avec force des tranches de vie d’une communauté qui n’a pas toujours été bien considérée, sauf lorsqu’elle se laissait guider par son amour inconditionnel de la musique. Treize morceaux qui alternent entre ballade mélancolique et complainte généreuse.