Tiré seulement à 2000 exemplaires, ce disque d’Alec Empire est constitué de chutes de studio composées entre les différentes sessions du récent et terrifique album 60 seconds wipeout. Dix titres qui résument assez bien l’ensemble du spectre musical de notre terroriste sonore allemand préféré : terreur bruitiste, punk-rock digital, mais aussi plages de sable fin sur lesquels bronzent les spectres de Terry Riley ou Sun Ra. Dfo2 est un titre punk avec une basse énorme et Black Sabbath une sympathique apocalypse dont il a le secret (on le sait fan de heavy metal, et particulièrement de Slayer). The Nazi comets et It should be you not me possèdent une fragrance industrielle délicieuse comme du Godflesh électroniquement violé. They landed inside my head while we were driving in the taxi up to 53rd Street and took over ! est un collage sonore qui tombe à pic en cette époque post-Twin Peaks de faux prophètes en stuc, mais surtout The Robot put a spell on me est une longue expérience digitale dans laquelle s’entrechoquent LFO et Screamin’ Jay Hawkins : le meilleur morceau. I can hear the winds of Saturn, hommage explicite à Sun Ra, est un beau morceau ambient qui rappelle ses premières productions sur Mille plateaux (Generation Star Wars, etc.). We take your pain away est une sorte de rap improvisé ramassé dans une décharge : sale et malpoli. Le neuvième titre, sans nom, ressemble à du Merzbow : bruits et chuchotements. Enfin, Blood and snow s’aventure du côté de l’électro-acoustique, typique de sa période Low on ice.

Sous une pochette fanzinesque (noir et blanc et collages), ce disque destiné aux fans contient pourtant quelques perles qui prouvent, s’il en était besoin, qu’Alec Empire n’a pas seulement pour ambition de créer les plus jolies émeutes de cette fin de siècle, mais aussi de créer une musique riche et passionnante.