On savait que le groupe Africando était devenu la figure de proue de la salsa à l’africaine depuis sa création en 1992. Mais de là à penser qu’ils pourraient reprendre en version latine les succès de Khaled (Aïcha, morceau composé par Jean-Jacques Goldman) et d’Edith Piaf (La vie en rose), on y pensait pas. Et pourtant , ils l’ont fait. Nos salseros du Sénégalais ont osé -et magistralement- relever le défi de ces adaptations sur leur quatrième album Baloba!. Signifiant « Exclamation » en langue yoruba, le titre de ce nouvel opus traduit toute la démarche culturelle du quartette dakarois qui consiste à perpétuer la tradition afro-caraïbéenne, en le rattachant à la source-mère continetale. Un patrimoine musical que la formation met en valeur cette fois de façon très acoustique (bongos, maracas, contrebasse, guitares).

Le résultat donne une couleur 100% « son » digne des grands orchestres cubains. Il faut dire qu’Africando a de nouveau fait appel pour cet enregistrement à Boncana Maïga (qui a longtemps séjourné aux débuts de sa carrière à Cuba et qui connaît bien le groove du coin). D’origine malienne, Boncana est l’un des arrangeurs les plus prisés à l’heure actuelle sur la scène africaine. Sa touche est complétée par la participation du non moins célèbre Laba Sosseh, véritable ambassadeur de la musique afro-cubaine. Une rencontre entre de bons artistes qui permettent à l’album d’offrir au mélomane une palette d’expressions vocales, allant du wolof au français, en passant par l’espagnol. Notons au passage que le titre Aïcha est proposé en deux versions, woloff et francaise. Cette dernière version fait figure cependant de bonus en français sans saveur. Elle détonne malheureusement par rapport à l’ensemble de l’album. Mais promet d’être un bon petit succès d’été.

Shimedj Ismaël