En cette période où la plupart des artistes electro en vogue nous bombardent de leurs tubes surproduits, il est parfois bon de s’aérer un peu les neurones avec des sonorités plus minimalistes. Entre les habitués des charts, chez qui la compression calibrée et les modulations de filtres abondent (Fat Boy Slim, Chemical Brothers, Moby, etc.), et certains intégristes sonores tels Ryoji Ikeda, Etereo Expandeum Club ou encore Pan(a)sonic, il existe heureusement un éventail de styles difficilement classables. C’est précisément ici qu’intervient 7-Hurtz, qui, avec le très bon Audiophiliac, a réussi à effectuer un savant mélange de ces deux extrêmes de la musique électronique.

Sans pour autant aller jusqu’à se satisfaire d’un unique jeu de fréquences, ou de petits cliquetis éparpillés aléatoirement, 7-Hurtz se contente tout de même d’un minimum de matière pour alimenter ses morceaux. L’intelligence d’Audiophiliac réside tout simplement dans le choix et l’organisation des samples. Une fois le rythme et les quelques sons synthétiques mis en place, pas la peine d’aller plus loin, tout est dit. Seules d’infimes variations surgissent de temps à autre -des breaks brisant l’effet hypnotique des boucles répétitives, pour les rendre encore plus envoûtantes, une fois le morceau reparti. Sur Beatbox -un titre endiablé, situé à mi-chemin entre Aphex Twin et Bell-, quelques vrombissements de synthés et un beat légèrement hip-hop suffisent pour atteindre des sommets. Basé sur les mêmes principes, Brains diagram part sur une simple boucle de batterie et un riff de guitare séquencé. Avec si peu d’ingrédients, 7-Hurtz réussit admirablement à égaler la vivacité des meilleurs productions big beat, tout en laissant de côté l’aspect m’as-tu-vu des effets poussés à l’extrême. Sur Optimus, Aurora borealis ou encore Stockers motor, le groupe explore les terrains bien plus paisibles de l’ambient. Les mélodies rachitiques -traitées aux claviers analogiques- ne sont d’ailleurs pas sans rappeler quelques bandes originales des films de John Carpenter (Assault, New York 1997, Prince des ténèbres). Encore une fois, on reste ici dans le minimalisme… Un minimalisme de qualité.