L’idée maîtresse de Wilhelm Hauff, c’est que les contes ont toutes les vertus du monde. Non seulement ils tuent l’ennui, apaisent l’âme et la conscience mais ils éduquent les esprits à la sagesse. Indulgence à l’égard de ses héros et de leurs petites faiblesses, Hauff imagine toutes sortes de péripéties, parfois cruelles, parfois heureuses, prenant soin de les récompenser pour leur obstination dans le Bien, même dans l’épreuve, ou au contraire pour leur geste de repentir, après qu’ils aient usé de stratagèmes odieux.
Avant de connaître bonheur et sérénité, le long chemin semé d’embûches leur fera prendre conscience du prix de l’effort et ils en sortiront grandis. La part de merveilleux est omniprésente, mais, comme le dit l’auteur, le propre du conte est d’accepter toutes les invraisemblances. C’est aussi le moyen de nous donner l’impression de vivre nous-mêmes ces fabuleuses aventures en compagnie des fées, des lutins, des magiciens qui en un coup de baguette transforment en cigogne ou en nain au long nez les curieux et les insolents. Tout devient plausible et on suit les mésaventures de Saïd enlevé par des bandits du désert, recueilli ensuite par un marchand de tapis qui se révèle être tout autre qu’il le laissait imaginer. On partage la douleur du cheikh Ali-Banou, inconsolable depuis l’enlèvement de son fils lorsqu’il avait dix ans, qui s’obstine chaque année à organiser une réception dans l’espoir de le voir enfin revenir. Le petit Charbonnier insatisfait qui signe un pacte avec des diablotins de mauvais augure.
Chaque conte est un voyage initiatique, la découverte d’un univers plus ou moins lointain. Certains se situent en Forêt noire, d’autres au milieu des océans déchaînés, dans un palais des Milles et une nuits ou encore dans un souk de Bagdad.. Une version intégrale, merveilleusement traduite et illustrée de très belles gravures. L’initiative d’Actes Sud méritait d’être relevée.